Les burons ont leur bible

À peine “Montagnes du Cantal” était-il en librairie, que “Burons, Cantal, Cézallier et Aubrac” entrait en gestation sur le même format. Trois ans de travail plus tard, il ravira les amoureux de vieilles pierres.

O n pensait tout connaître des burons. Mais ça, c’était avant. Avant le dernier ouvrage consacré à ces “sentinelles de nos montagnes”(1), une véritable bible, ancien et nouveau testament compris : “Burons, Cantal, Cézallier et Aubrac” parle d’histoire, dresse un état des lieux, se tourne vers l’avenir et les nouvelles affectations.
Sept apôtres s’y sont collés avec l’adoration du pays en toile de fond : Pierre Soissons et Félix Gilbert pour les photos ; Anne-Line Brosse, Denis Couderc et Christophe Grand pour les textes ; des illustrations de Marie Deschamps et une mise en page et conception de Laurence Adnet. Un très beau livre, lourd et épais, sorti le 15 novembre aux éditions Quelque part sur terre..., dont on prend plaisir à caresser la couverture toilée avant d’ouvrir la première page. Trois ans de travail et trois secteurs géographiques couverts : les monts du Cantal (entre Plomb et Puy-Mary), le Cézallier (Cantal et Puy-de-Dôme), l’Aubrac (Aveyron et Lozère). Partout une même authenticité mise en exergue par des photos de famille des buronniers (pas des cartes postales, mais issues de collections privées ou d’archives) et également la collecte de récits comme celui du petit pâtre devenu fromager, jusque dans les années 60...
Remonter le temps
Même les photos contemporaines permettent de mieux comprendre l’Histoire. Ainsi, seul un cliché aérien peut témoigner des
stigmates que porte encore la montagne des anciennes cabanes, creusées à même le sol, recouvertes de branchages et qui servaient d’abris aux hommes comme aux animaux. “On sait qu’on y fabriquait déjà du fromage, dès le XIIIe siècle. Ces cabanes sont les ancêtres de nos burons de pierres tels qu’on les connaît, essentiellement construits à partir du XVIIe”, explique Denis Couderc. Salers, aubrac, ferrandaise : les trois races qui ont servi ces ateliers d’altitude sont également évoquées.
Aujourd’hui, le buron de la famille Chambon, dont on retrouve le témoignage dans ce livre, a gardé son activité originelle. D’autres sont des refuges sommaires pour les randonneurs. D’autres encore devenus d’assez luxueux gîtes touristiques. Certains n’ont pas (encore) connu de restauration.
Didactique et somptueux
Pierre Soissons ne les a pas oubliés et son appareil photo sublime ces ruines désormais assez recherchées. “La pose des pierres est souvent assez graphique”, constate le professionnel. Il ne manque pas de souligner également l’intégration de ce bâti dans un environnement, même un peu désertique, avec seulement un arbre pour tenir la cave au frais.
Décidément, rien n’est fait au hasard. “Burons, Cantal, Cézallier et Aubrac” le démontre d’une fort belle manière. Une bible, didactique et somptueuse.  

    (1) Expression que l’on doit à Daniel Crozes, titre d’un ouvrage consacré aux burons en 2008, qu’illustrait déjà P. Soissons.