Les coûts de production s’envolent

[Edito] Blé, maïs, colza, engrais azotés, engrais de fond, pétrole, gaz, mais aussi bois, métaux et composants électroniques : depuis des mois, les cours des matières premières ne cessent d’augmenter. En cause : des évènements climatiques, comme la sécheresse au Brésil, mais surtout la reprise économique post crise du covid, qui a vu la demande exploser et l’offre peiner à suivre.

La demande chinoise notamment, a été extrêmement forte sur de nombreux produits comme le fer, l’acier, les céréales et les oléagineux. Sans compter les tensions logistiques sur le transport des marchandises : les bateaux et camions de transport se font rares, et le prix du fret a bondi, contribuant d’autant plus à la fermeté des cours.

Depuis début janvier, le prix des engrais azotés a plus que triplé. La semaine dernière, la solution azotée a atteint 612,50 €/t FOT Rouen, tandis que l’ammonitrate s’affiche à 755 €/t, un record historique.

Le marché du pétrole a enregistré sa neuvième semaine de hausse, reléguant les cours négatifs d’avril 2020 à un lointain souvenir. Les prix du gaz sont historiquement hauts, avec des stocks européens au plus bas depuis 10 ans. Pour soulager la tension, on en vient à espérer un hiver doux… lequel ne serait pas sans conséquences sur les cultures, et pouvant même entraîner une hausse de l’usage des produits phyto.

Répercuter les hausses

En France, selon le ministère de l’Agriculture, le prix des intrants agricoles est au plus haut depuis 2009. Sur les huit premiers mois de l’année 2021, le prix moyen des engrais est en hausse de 14% sur un an, celui de l’énergie de 13% et celui des aliments pour animaux de 10%.

Face à ces flambées tout azimut, les producteurs alertent. Pour les cultures, l’impact de la hausse généralisée des charges pourrait dépasser 40.000 euros sur la campagne pour une exploitation moyenne de grandes cultures, selon les producteurs de blé (AGPB), de maïs (AGPM), de betteraves (CGB) et d’oléoprotéagineux (Fop).

Pour les éleveurs, la hausse des engrais s’ajoute à celle de l’aliment et du transport des animaux, sans réelle répercussion sur les prix de vente. Dans la filière volaille par exemple, l’indice poulet standard est en hausse de 29% en septembre 2021 par rapport à l’année précédente. Idem pour les œufs : l’indice poules pondeuses est en hausse de 24%.

« Il faut à tout prix que les entreprises de la distribution, de la restauration, les grossistes, etc… prennent en compte ces augmentations », alerte la Confédération française de l’aviculture. Elle appelle également à ne pas reproduire la « comédie » de l’hiver dernier : « Les répercussions de hausses, quand elles ont eu lieu, ont largement été insuffisantes et dans certaines filières, il n’y en a pas eu »…