Les exploitations les plus vertueuses seront également les plus rentables

Aides Pac, crédits d’impôts, intégration aux filières qualité, etc. : les agriculteurs n’ont d’autre choix que de faire valoir des règles respectueuses de l’environnement... que parfois ils appliquent déjà.

Une nouvelle fois, les plus vertueux en termes de respect de l’environnement seront les plus aidés. La profession agricole, à l’heure où se profile la nouvelle Politique agricole commune (Pac), ne le considère pas comme une surprise et se dit prête à répondre à ces attentes sociétales fortes. Mais la vice-présidente de la chambre d’agriculture du Cantal, Chantal Cor, espère bien que les seuls récompensés ne seront pas ceux qui ont à faire de gros efforts pour parvenir à ces fins, mais aussi ceux dont les pratiques sont déjà bonnes et où les marges de manœuvre pour faire encore mieux sont finalement plus réduites.     

Green deal à hauteur de 40 % de l’enveloppe Pac

Car Nathalie Velay, du CER France, prévient : “Les orientations de la Pac se feront autour des thématiques environnementales, de l’usage restreint des produits phytosanitaires, des engrais... Un “green deal” basé sur la biodiversité, les zones protégées, etc.” Elle prédit 40 % du budget en faveur de mesures environnementales, sur une enveloppe globale à peu près équivalente. Et si le paiement vert, en tant que tel, disparaît, il est remplacé par les éco-régimes (également appelés éco-schèmes), tandis qu’on peut s’attendre à des conditionnalités renforcées sur toutes les aides découplées. Ces éco-régimes sont des démarches volontaires qui vont au-delà des réglementations de base. “Mais il est important de s’y intéresser pour maintenir le niveau des aides par exploitation dans le Cantal”, résume la responsable du service Études et références.
Faire encore mieux, c’est aussi entrer dans une logique de certification qui compte trois niveaux, comme le précise Denis Bonneau, chargé de missions qualité à la Chambre d’agriculture. Le premier niveau, d’ordre réglementaire, prépare aux qualifications supérieures ; le deuxième, avec obligation de moyens, est plutôt réservé aux démarches collectives (qui pourront faire évoluer leurs cahiers des charges) ; le troisième, individuel, est le plus élevé et est soumis à obligation de résultats : c’est la Haute valeur environnementale. Clément Martel est le spécialiste du sujet ; il vient d’être recruté par la Chambre d’agriculture pour accompagner les exploitants dans cette démarche HVE.

Mise en valeur de pratiques vertueuses

Il explique que la principale voie pour décrocher le sésame fonctionne par un système de points(1), obtenus dans quatre secteurs : biodiversité, stratégie phytosanitaire, gestion de la fertilisation et celle de la ressource en eau. Selon lui, il est conseillé de se lancer dès maintenant. Cela suppose de tout consigner et enregistrer ses pratiques (le logiciel mesp@rcelles peut y aider). Dans un second temps, un organisme certificateur réalisera un premier audit, puis un deuxième 18 mois plus tard et encore un, si l’exploitation veut être renouvelée, trois ans après son engagement(2).
En échange, un crédit d’impôt de 2 500 € est promis pour chaque exploitation engagée. Selon les techniciens de la Chambre d’agriculture, un grand nombre d’exploitations pourrait sans problème atteindre ce fameux niveau 3 de certification, sachant que la HVE pourrait parallèlement ouvrir une plus-value sur les produits (plus incertaine sur les broutards, les exportateurs ne s’étant, pour l’instant, pas positionnés).
Lors de cette conférence en ligne, Joël Guillemin a également présenté le très encourageant bilan carbone de la ferme Cantal sur ces cinq dernières années et les pistes pour aller encore plus loin. Sur l’ensemble des points abordés, Thierry Valette, président de CER France Cantal, a souligné le travail complémentaire entre économie et technicité, conduit avec la Chambre d’agriculture pour proposer aux agriculteurs, “ballottés au fil des années par les réformes Pac et moins nombreux, mais toujours là pour répondre aux enjeux de demain”.     

(1) Une “voie B”, moins représentée, est plutôt réservée à ceux qui tendent vers des systèmes plus diversifiés et plus autonomes.
(2) Compter de 350 à 500 euros la demi-journée tous les 18 mois, par l’un des six organismes
certificateurs agréés dans le Cantal.