Les haies cherchent leurs futurs acheteurs de crédits carbone

Validée en novembre par les pouvoirs publics, la méthode haie du label bas-carbone, aussi appelée Carbocage, entame sa phase de séduction des entreprises.

Durant l’automne dernier, la démarche de stockage du carbone dans les haies bocagères, plantées et entretenues par les agriculteurs, a été actée. Les acteurs du projet se tournent maintenant vers les entreprises qui voudraient compenser leurs émissions en achetant des crédits carbone. C’est dans ce but que Sarah Colombié, de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire à l’origine du projet, est venue présenter Carbocage lors d’un petit déjeuner virtuel organisé par l’Institut for climate economics (I4CE) fin janvier.

« Il y avait une vingtaine d’entreprises présentes lors de ce webinaire et certaines nous ont rappelées après l’événement. Il y a une vraie appétence pour ce type de projet. À voir maintenant quelles sommes elles sont prêtes à mettre », s’interroge la consultante en innovation et climat. Pour autant, elle rappelle que toutes les entreprises ne sont pas mûres pour acheter ces crédits carbone. « Nous préférons travailler avec des entités qui ont déjà mis en place leurs propres réductions d’émissions avant de s’attaquer à la compensation », précise-t-elle.

Une trentaine de fermes engagées

À ce jour, Carbocage compte une trentaine d’exploitations agricoles engagées dans des projets pilotes. Treize le sont dans la communauté de commune des Mauges sous le nom CarboMauge, trois autres se sont engagées avec une entreprise en Mayenne et La Poste a signé avec six autres agriculteurs pour la période 2020/2021. « Nous ne voulons pas sur-engager d’agriculteurs si nous n’avons pas les entreprises pour acheter les crédits en face », souligne Sarah Colombié. Elle est d’autant plus prudente que le prix des crédits carbone issus de la méthode haie est plus élevé que pour d’autres démarches.

La plantation et l’entretien de la haie représente un coût important mais aussi des co-bénéfices sur la biodiversité, l’érosion ou le paysage que Carbocage prévoit de rémunérer également. « Le prix du marché n’est pas bien stabilisé. Dans le cadre de carbocage, le prix des crédits carbone est négocié de gré à gré avec les entreprises. Leur montant est en moyenne de 100 €/tonne stockée. À 30 €/t, les agriculteurs ne s’y retrouveraient pas », analyse la consultante.

Le bois de haie pour remplacer les énergies fossiles

Techniquement, la méthode Carbocage sépare le carbone stocké en quatre zones : dans le sol, dans les racines, dans la partie d’arbre non exploitée et dans la partie coupée pour valorisation. Cette dernière partie peut être comptabilisée dans les crédits carbone si elle est utilisée en substitution d’énergie fossile et si l’agriculteur est engagé dans le Label Haie. Ce dernier certifie que la haie est gérée de manière durable et surtout il donne une traçabilité au carbone stocké pour éviter qu’il ne soit comptabilisé deux fois. « C’est un label qui a été mis en place suite à la demande de chaufferie qui ne voulait se fournir qu’en bois certifié, type PEFC. Il permet au bois de haie géré durablement de répondre à ce type de cahier des charges », explique Sarah Colombié.

La chambre d’agriculture des Pays de la Loire voudrait maintenant décliner la démarche Carbocage sur les arbres intraparcellaires et l’agroforesterie.