Le Label bas carbone attribué aux haies et aux nouveaux vergers

Les méthodologies Carbocage et « Plantation de vergers » ont été labellisées par le ministère de la Transition écologique, ce qui ouvre la voie à la valorisation des réductions d’émissions de gaz à effet de serre pour les haies ainsi que pour les nouveaux vergers de fruits secs, de fruits à pépins et de fruits à noyaux.

En septembre 2019, la méthodologie Carbon Agri, portée par l’institut de l’élevage, était la première filière agricole à décrocher le Label bas carbone, dispensé par le ministère de la Transition écologique. Ce label certifie les initiatives de captation et de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), dans tous les secteurs d’activité. Il vise à inscrire la France dans une trajectoire de neutralité carbone à l’horizon 2050.

L’agriculture a sa part à jouer et peut même, moyennant la mise en œuvre de pratiques additionnelles, percevoir des crédits carbone, une rétribution au titre des mécanismes de la compensation volontaire.

Méthode « Plantation de vergers »

La méthodologie « Plantation de vergers » s’applique aux vergers de fruits secs (amandier, châtaignier, noisetier, noyer), de fruits à pépins (pommier, poirier, cognassier, figuier) et de fruits à noyaux (abricotier, cerisier, pêcher, nectarinier et brugnonier, prunier). Elle exclut en conséquence les oliviers ainsi que les cultures de petits fruits (framboises, myrtilles, groseille...). Seconde restriction : elle ne s’applique qu’aux nouveaux vergers et n’inclut donc pas les replantations après arrachage.

Charge à l’arboriculteur de démontrer, au moment du dépôt du projet, l’augmentation nette de surfaces en cultures fruitières permanentes par rapport à la moyenne des trois années précédentes.. Les densités doivent être conformes aux seuils par espèce établis par FranceAgriMer.

Les vergers portent trois leviers d’amélioration du bilan carbone, dont deux relatifs au stockage du carbone dans la biomasse ligneuse aérienne et racinaire d’une part et dans le sol (enherbement) d’autre part. Le troisième levier concerne la réduction des émissions, liées à la fertilisation et à la mécanisation.

Les amandes d'Arnaud Montebourg

La méthodologie « Plantation de vergers » a été obtenue par la Compagnie des Amandes, en partenariat avec Agrosolutions et de nombreux experts (INRAE, CTIFL, CITEPA, I4CE, la Fédération Nationale des Producteurs de Fruits, Pour Une Agriculture du Vivant (PADV) et le GRCETA de Basse- Durance).

Présidée par l’ancien ministre Arnaud Montebourg, la Compagnie des Amandes propose aux agriculteurs un modèle de co-investissement sur 25 ans, destiné à faire émerger une filière française de production d’amandes, un marché capté à 90% par les États-Unis. L’entreprise a implanté un premier verger de 25 ha cet automne à Pernes-les-Fontaines (Vaucluse), avec un mode de conduite visant la certification Haute valeur environnementale (HVE).

François Moulias, directeur général de la Compagnie des amandes, Arnaud Montebourg, président, et Vincent Fabre, agriculteur gérant de la SAS Amandes des Estangs (Crédit photo : la Compagnie des amandes)
François Moulias, directeur général de la Compagnie des amandes, Arnaud Montebourg, président, et Vincent Fabre, agriculteur gérant de la SAS Amandes des Estangs (Crédit photo : la Compagnie des amandes)

Méthode Carbocage

S’agissant des haies, le projet Carbocage est porté par la Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire, en partenariat avec son homologue de Bretagne, l’Ademe, l’INRAE et des collectivités locales.

Les haies présentent de nombreux avantages environnementaux. Elles permettent de stocker du carbone, de produire du bois d’énergie ainsi que du bois d’œuvre, de préserver la biodiversité, de lutter contre l’érosion, de préserver la qualité de l’eau, le tout s’ajoutant à leur valeur paysagère.

Autant de bénéfices qui ne « poussent » pas tout seul. En effet, sans entretien et plus encore sans plan de gestion durable, les haies vieillissent, se dégradent et voient leurs bénéfices s'étioler. Pour contrebalancer les coûts de gestion, la compensation carbone peut apporter sa pierre à l’édifice en octroyant une rémunération aux agriculteurs, pour peu qu’ils prouvent que leurs pratiques en la matière engendrent un stockage additionnel de carbone.

C’est l’objet de la méthodologie Carbocage, qui vient de décrocher son Label bas Carbone. Tous les porteurs de projet pourront désormais s’y référer. Sur trois territoires pilotes que sont le Pays des Mauges (Maine-et-Loire), le Pays du Roi Morvan (Mayenne) et le Pays de la Vallée de la Sarthe (Sarthe), une enquête auprès des agriculteurs et des entreprises locales a révélé un espace de négociation compris entre 50 et 100 € la tonne équivalent carbone.