Les jeunes et l’élevage : le rêve et la réalité

« Être éleveur fait-il encore rêver les jeunes ? » : c’est autour de cette question qu’une conférence a été organisée le 29 novembre dernier dans le cadre du salon Tech’élevage de la Roche-sur-Yon (85). Parmi les témoins, deux jeunes femmes, Virginie, 27 ans, et Clara, 19 ans. Pour toutes les deux, travailler en élevage est un rêve. Mais elles n’ignorent ni les difficultés, ni les défis qu’il leur faudra relever dans ce domaine. Rencontre.

« Je n’ai pas toujours été encouragée dans mon choix de devenir éleveuse », témoigne Virginie, 27 ans dans le cadre d’une conférence organisée au salon Tech’élevage sur le thème « Être éleveur fait-il encore rêver les jeunes ? ». « Les métiers d’élevage n’ont pas une très bonne image… Des gens m’ont dit, « mais pourquoi tu vas t’embêter ? ». Il faut vraiment croire en ce que l’on veut ».

Fille d’éleveurs, Virginie rêvait certes d’élevage depuis longtemps. Mais pas n’importe lequel et pas n’importe comment. D’abord, elle ne souhaitait pas reprendre la même production que ses parents, la volaille : son rêve à elle, c’était plutôt les vaches laitières et le travail en extérieur. Ensuite, elle voulait faire ses armes avant de se décider pour une installation, c’est-à-dire disposer d’un solide bagage en formation (un BTS ACSE et une licence en productions animales) et d’une expérience de salariat en exploitations.

« Pour s’associer, avoir les mêmes objectifs de travail »

C’est l’an dernier que Virginie a franchi le pas : elle s’est installée dans un Gaec à quatre associés, en productions laitière et porcine, à Montaigu (85). Cette installation, à 26 ans, est même plutôt au-dessous de l’âge moyen : selon Bertille Thareau, sociologue à l’école supérieure d’agriculture d’Angers, qui animait le débat à Tech’élevage, la moyenne d’âge installation en élevage se situe à 29 ans. Comme Virginie, les jeunes porteurs de projet prennent le temps de se former, voire d’exercer d’autres métiers avant de se tourner vers l’élevage.

"Dans un Gaec, l’entente entre associés est primordiale."

Le Gaec dans lequel Virginie a choisi de s’installer était l’une des exploitations où elle avait été salariée : elle la connaissait donc bien et y a remplacé celui qui était son patron. « Dans un Gaec, l’entente entre associés est primordiale. Il faut aussi qu’on ait les mêmes objectifs de travail : avant de m’installer, je leur ai demandé comment ils voyaient les choses, l’organisation du travail, le système de production… ». Mais une fois ce cadre et ces objectifs posés, Virginie apprécie désormais la liberté que lui offre son métier : « Chaque jour, je choisis les méthodes que je veux pour réaliser mes tâches ».

Pas d’installation agricole prévue pour le moment pour Clara, 19 ans, qui est encore en formation, à l’école supérieure d’agriculture d’Angers. Mais la même passion et le même projet de travailler « au contact des animaux ». « Moi, ce qui me plait, c’est le côté technique, pas trop la gestion d’entreprise, c’est pour cela que je n’ai pas fait de BTS ACSE, mais un BTS productions animales », témoigne la jeune femme.

« Je souhaite devenir salariée, conseillère en élevage. Mon projet, c’est aider les agriculteurs à produire. De nombreux défis techniques attendent les éleveurs : le changement climatique, la réduction des intrants... Je veux les accompagner dans l’adaptation à ces défis. Je trouve que cela a du sens de travailler en élevage. Il ne faut pas oublier qu’il faut nourrir des populations qui vont s’accroitre ».  Passionnée par l’élevage, Clara veut aussi « communiquer positivement » sur ce secteur. Tout comme Virginie, qui évoque sa volonté de « se défendre face à l’agribashing ».

"De nombreux défis techniques attendent les éleveurs"

Sur l’adaptation au changement climatique, Virginie est aussi bien consciente des défis qui l’attendent. « Oui, il y aura des changements, mais je pense qu’il y aura plusieurs moyens de s’adapter. Sur le Gaec, nous avons la chance d’avoir différentes générations d’éleveurs, on échange les points de vue. L’associé le plus âgé a 59 ans, il peut nous faire bénéficier de son expérience ».

Quant à être une femme dans un monde encore assez masculin, Virginie avoue qu’ « elle ne s’est même pas posé la question ». Du côté de Clara, c’est encore mieux : « Dans mon BTS productions animales, nous sommes 16 filles… et seulement 7 garçons » !