PLOA : un projet en manque d'allant

[Edito] Le projet de Pacte et de loi d’orientation agricole (PLOA) traine en longueur et demeure encore nébuleux et comme dépassé par ses ambitions, notamment climatiques, et sous le coup d’une double astreinte budgétaire et législative.

Un an s’est écoulé entre l’annonce du projet de loi d’orientation agricole aux Terres de Jim 2022 par le président de la République et la présentations de ses grandes lignes par le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau aux Terres de Jim 2023. On ne parlera pas de « copié-collé » entre les deux discours mais tout était déjà écrit dans celui d’Emmanuel Macron, en ce qui concerne l’orientation, la formation et l’installation. « France Installation Agricole » est simplement devenu « France Services Agriculture » pour désigner le futur guichet unique dédié à l’installation, sous la gouverne des Chambres d’agriculture. Entre-temps, une concertation institutionnelle et territoriale a pourtant mobilisé l’ensemble des parties prenantes mais force est de constater qu’elle n’a suscité ni élan ni ferveur et qu’elle n’a pas accouché de solutions miracle.

Un projet nébuleux et trop ambitieux ?

Il faut dire que depuis lancement du projet, on n’y voit toujours pas très clair entre ce qui sera du ressort du Pacte et de la Loi, entre ce qui relèvera de mesures réglementaires et de mesures législatives. Le fait que le gouvernement n’a pas vraiment les coudées franches, ni au niveau parlementaire (majorité relative), ni au plan budgétaire (déficit public et dette) n’y est sans doute pas étranger. Au passage, on peut s’inquiéter de la hausse des taux d’intérêt d'emprunt, qui n’augure rien de bon pour les porteurs de projets.

En revanche, on ne peut pas faire au gouvernement le procès d’un manque d’ambition, comme en témoigne la volonté d’aller chercher par la main les futurs actifs agricoles (on ne parle plus d’agriculteurs) dans la cour des écoles élémentaires. On peut néanmoins s’interroger sur le bien-fondé d’intégrer au PLOA la question climatique, alors que le premier quinquennat d’Emmanuel Macron s’était achevé sur le Varenne de l’eau agricole et de l’adaptation au changement climatique.

"On ne va pas se mentir, même si on arrive à faire tout ce boulot, ça restera des métiers passion"

Quand les subsides de la Pac constituent l’essentiel du revenu courant des exploitants, quand la cession de l’exploitation fait office de fonds de pension pour les néo-retraités, quand les candidats à l’installation ne veulent pas enfiler les bottes des cédants, quand les nouvelles générations ne veulent pas forcément en prendre pour une génération, le défi de « l’attraction terrienne » constitue en soi un sujet existentiel si monumental qu’il aurait amplement suffi à la tâche du PLOA. « On ne va pas se mentir, même si on arrive à faire tout ce boulot, ça restera des métiers passion parce qu’il y a un tel niveau de contraintes. Ce n’est pas vrai que ça correspond à tous les standards d’organisation de la vie, vous êtes des engagés et vous travaillez beaucoup. Je pense que derrière, il y a un sens, il y a un goût de ce qui va avec, il faut pouvoir l’inculquer et le transmettre ». Emmanuel Macron devant les JA  aux Terres de Jim, le 9 septembre 2022.