Mise à l'herbe : « s'adapter aux conditions de l'année »

Serge et Agnès Thuillier ont développé dans l'Allier un système de gestion de l'herbe adapté aux conditions météorologiques.

C'est au centre du petit village de Saint-Didier-en-Donjon, au coeur des Basses Marches du Bourbonnais, que l'exploitation familiale de Serge et Agnès Thuillier s'est développée au domaine des Buttys.
Un cheptel composé de soixante vaches allaitantes de race charolaise suivi par Bovins Croissance qui pâturent sur les 81 hectares disponibles. Une SAU comprenant une dizaine d'hectares dédiés à la culture de céréales, principalement destinées aux besoins de l'exploitation.

L'herbe, l'aliment le moins cher
Serge est un véritable passionné de l'élevage qu'il pratique depuis 1982 aux côtés de son père, Henri, aujourd'hui à la retraite. Les rênes de l'exploitation il les détient pleinement depuis l'année 1993. Depuis, Serge a optimisé ses pâturages après ce constat : « l'herbe est sans aucun doute l'aliment le moins cher pour le bétail. Il faut donc savoir le préserver, l'entretenir pour en tirer le meilleur parti ».

S'adapter à la météo
Alors, quel est donc ce système que Serge et Agnès Thuillier ont mis en place sur leur exploitation ? Et bien, un concept très simple et logique : « je travaille avant tout avec la météo et je m'adapte aux conditions de l'année. Il s'agit d'être observateur et de constater les effets du temps, chaque jour, sur les parcelles. Pour moi l'optimisation du pâturage, c'est lâcher quand on le peut et surtout ne pas sur-pâturer. Et si les conditions sont réunies, il faut lâcher et ne pas louper le moment idéal ».  

Une mise à l'herbe précoce
Une adaptation qui se matérialise par une mise à l'herbe plus précoce comme l'explique Serge :
« en général, fin février, avant de lâcher mes bêtes sur une parcelle, j'apprécie la portance des prairies » tout en indiquant le choix des animaux lâchés : « je choisis des génisses peu exigeantes qui ne sont pas destinées à la reproduction mais plutôt à la réforme ».
Une mise à l'herbe qui va ensuite se poursuivre progressivement, en fonction des températures :
« je lâche dans un second temps, quinze jours après les premiers lâchers, les vaches et les veaux. L'objectif étant de procéder à une rotation sur plusieurs parcelles en essayant de gérer, au mieux, l'explosion de la pousse de l'herbe ».
Des lâchés maîtrisés, basés sur l'observation que Serge explique par « un ressenti et des solutions de repli. L'été, si l'herbe vient à manquer, je retiens les animaux sur des parcelles parking en les alimentant en fourrage ».

Une alternance entre les parcelles
Le domaine des Buttys se caractérise par un chargement évoluant entre 1,25 et 1,30. Un chargement important pour la région que Serge justifie ainsi :
« les bêtes tournent entre cinq et six parcelles au printemps et une dizaine pendant l'été ».

Une rentrée plus tardive
Au mois de novembre, Serge Thuillier commence à rentrer ses bêtes pour les préparer aux vêlages et à la vaccination. Une période qui s'étale sur deux mois. Au grès des conditions météorologiques, d'autres vaches suivent comme les laitonnes, jusqu'à fin décembre.
Serge Thuillier est convaincu par sa méthode : « je la pratique depuis une dizaine d'années et je l'affine grâce à l'expérience acquise au fil des années. Cependant, d'une saison à l'autre, la météo ne se ressemble pas forcément et il faut donc s'adapter ».


Partager son expérience
Une maîtrise de la gestion du pâturage que Serge partage au sein du Ceta « Viande Sologne » dont il est membre depuis vingt ans. Une association regroupant une dizaine de personnes environ : « Nous suivons des formations et nous échangeons par l'intermédiaire d'un groupe WhatsApp où chacun apporte son expérience. Nous nous réunissons aussi lors de réunions mensuelles que nous tenons chez les différents membres, à tour de rôle. Tout collègue intéressé est le bienvenu ! ».

La pousse de l'herbe relevée
Depuis 2018, Serge a aussi mis à disposition certaines parcelles de son exploitation pour y mesurer la pousse de l'herbe dans le cadre de l'Info Prairie : «  chaque semaine, un technicien de la Chambre d'agriculture de l'Allier effectue les mesures et observations sur les parcelles suivies ».
Dans quelques mois, dans quelques années, les Buttys devraient changer de mains. Enfin, c'est ce qu'espère Serge Thuillier, qui souhaite désormais profiter de sa retraite. Une exploitation inscrite au RDI dans l'objectif de céder l'affaire, d'ici l'année 2024. À signaler la présence d'un élevage hors sol de poulets standards. Avis aux candidats !