Négociations dans la grande distribution : tensions et fermeté du gouvernement

« Très fortes tensions » et pressions « scandaleuses » : le gouvernement appelle jeudi soir distributeurs et industriels à la « responsabilité », promettant une « extrême fermeté » en cas de manquements, alors que les négociations annuelles sur les prix s'enlisent dans un climat délétère inédit.

La tenue jeudi d'un « comité de suivi » des négociations, réunissant représentants des distributeurs, industriels et agriculteurs, a permis d'acter de profonds désaccords allant jusqu'au blocage total des discussions, ont expliqué à la presse les ministres Julien Denormandie (Agriculture et alimentation) et Jean-Baptiste Lemoyne (PME). « Les tensions se sont très clairement exprimées entre grande distribution et industriel » mais « il n'est pas question de décaler la date de la fin des négociations, qui reste le 1er mars », a déclaré Julien Denormandie.

Les négociations annuelles, sous l'oeil de l'État, visent à assurer une rémunération acceptable aux producteurs et déterminent in fine les prix dans les magasins. « Le gouvernement sera d'une fermeté totale » en cas de non respect de la loi dite Egalim 2, censée notamment écarter du jeu des négociations la part revenant aux agriculteurs, a-t-il poursuivi. « Depuis le 1er janvier, nous avons lancé 250 enquêtes avec la DGCCRF (concurrence et répression des fraudes), et nous allons continuer. Il y aura des sanctions. Nous mettons une pression très très très forte dans le tube pour que chacun respecte les règles », a-t-il dit.

Un comité de suivi supplémentaire

Il a en particulier fustigé des comportements « scandaleux » dans la distribution, certaines enseignes tentant d'imposer de manière indue des pénalités logistiques ou menaçant de déréférencer certains produits. Dans un contexte de « hausse des coûts de production et de pression sur le pouvoir d'achat », « le nombre de contrats signés à date est plus faible que d'habitude », a souligné M. Lemoyne, appelant tous les acteurs à « la responsabilité » et à reprendre « le chemin des négociations dès ce soir, en ayant recours, le cas échéant, au médiateur ». « Un nouveau comité de suivi sera organisé vers le 20 février, pour maintenir la pression », a ajouté le ministre de l'Agriculture.

Jeudi soir, chacun semblait encore fourbir ses armes : la FEEF qui représente les PME fabriquant des produits de grande consommation, relevait un effet pervers de la loi Egalim 2 : « la non négociabilité des produits agricoles a entraîné de facto la négociabilité des emballages, de l'énergie, du transport et des salaires » alors que « l'inflation est la plus forte sur ces postes ». « Il faut sortir impérativement du dogme selon lequel la Grande distribution serait responsable du pouvoir d'achat des Français. Cette logique court-termiste fragilise notre tissu industriel et social », a-t-elle plaidé.

De son côté, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) a dénoncé des demandes de hausse des industriels de 7 à 8%, qui « ne correspondent que pour un tiers aux conséquences de l'inflation des matières premières agricoles » et dont certains « refusent de justifier la part non agricole ».