“Nous irons jusqu’au bout” FDSEA - JA 15

Lundi , la venue du préfet du Cantal sur le barrage des agriculteurs sur l’A75 n’a ni rassuré ni entamé la détermination à rester sur place pour obtenir des actes concrets.

Laurent Buchaillat n’était sûrement pas venu sur place avec le secret espoir de voir le barrage levé avant la fin de la journée. Le préfet a quitté sa voiture pour se faufiler entre les tracteurs pour rejoindre à pied le site de la manifestation, accompagné du DDT (directeur départemental des terriroires). Les principaux responsables FDSEA et JA cantaliens et la centaine de manifestants l’attendaient de manière courtoise pour faire part des nombreuses revendications, résultat “d’années de laisser faire”, pour Joël Piganiol, président de la FDSEA 15. Cependant, la tension était palpable après une première semaine de mobilisation.
“Les 120 propositions (de la FNSEA et des JA) résultent de mois d’attente sur les revendications du monde agricole qui a désormais le besoin vital de changements pour sa survie et celle du monde rural et de de la souveraineté alimentaire de la France, a redit Patrick Bénézit, président de la FNB. Nous avons besoin de savoir si vous voulez vraiment mettre les mains dans le cambouis. Nous ne repartirons pas sans avoir tout obtenu sur l’élevage.” “Il n’y a toujours pas un mot sur la transmission”, ajoutait Mathieu Théron, président des JA 15.
Toujours rien
“Je suis venu participer, écouter et comprendre pour que nous trouvions des solutions aux attentes, relevait le représentant de l’État. Après, on saura travailler ensemble mais il nous faut des marges de manœuvre. Personne n’a intérêt à ce que le mouvement perdure. Le gouvernement ne regarde pas ça d’un œil distrait. Il est engagé pour trouver une solution.” Durant un peu plus d’une heure, les revendications ont été égrenées une fois encore par l’assistance. Le constat général est partagé sur l’équation : moins de revenu, moins d’installations, moins de ruralité, et en même temps le danger de ne plus être en mesure d’assurer l’autonomie alimentaire de la France (voir par ailleurs).  
“La volonté du Premier ministre est de donner plus de pouvoir au local”, poursuivait M. Buchaillat, pour faire part de la méthode de travail et faire remonter les difficultés liées plus spécifiquement au Cantal.
Sur les normes, le préfet du Cantal exprimait que si “elles sont nécessaires, en revanche, on doit pouvoir se protéger des produits qui ne les respectent pas”. Un autre sujet, à plusieurs moments repris au cours de l’échange, concerne les prairies sensibles, “une véritable aberration écologique et qui nous empêche de produire”, dénonçaient certains. “Là aussi, en travaillant ensemble, on peut en local déverrouiller des dossiers et trouver un équilibre entre l’intérêt de protection de notre biodiversité, que personne ne remet en cause, et la nécessité que vous ayez les moyens de produire”, défendait Laurent Buchaillat. À l’issue de l’échange, le préfet n’avait semble-t-il pas vraiment convaincu, ni même ouvert une brèche. Plusieurs personnes évoquaient le risque d’actions plus dures. “Nous irons jusqu’au bout”, exprimait en ce sens Romuald Védrines.
Blocage durci
L’heure était alors à la poursuite du mouvement pour les jours à venir, pour une deuxième semaine d’action. Mathieu Théron annonçait le renforcement du blocage en fermant une des deux sorties de l’échangeur autoroutier pour l’après-midi. Très vite, une file de camions et de voitures se formait sur plusieurs kilomètres. La sortie Ruynes-en-Margeride (sortie 30) était également fermée provoquant un bouchon monstre sur l’A75. Globalement, malgré cet arrêt obligatoire, les automobilistes étaient nombreux à apporter leur soutien. Seuls les chauffeurs espagnols et portugais craignaient que l’on s’en prenne à leurs marchandises.
Un peu avant l’arrivée du préfet, Mgr Noblot était déjà sur place pour apporter son soutien au monde agricole. “On ne peut pas être évêque de Saint-Flour sans être solidaire avec les agriculteurs que je visite régulièrement et dont je comprends les difficultés”, faisait-il part.  
B. Parret