Oléagineux : une inflation ambivalente

Marchés. Les cours du colza et du tournesol continuent de grimper, quelles conséquences pour les producteurs d’oléagineux vendéens ?

Depuis l’automne dernier, le cours du soja est à la hausse. Il entraîne avec lui le cours du colza. Une bonne nouvelle a priori pour les producteurs d’oléagineux. Actuellement, la récolte 2020 de colza se vend 580 €/t contre environ 400 €/t en novembre dernier. « Une telle hausse était difficile à anticiper, note Bertrand Mitard, responsable Grandes cultures à la FDSEA 85. La plupart des producteurs n’avait plus rien à vendre à la fin de l’année au moment où le cours était le plus haut. » La prochaine campagne s’annonce prometteuse puisque la récolte 2021 se vend déjà entre 530 et 550 €/t. « Une partie des producteurs s’est déjà engagée à vendre une part de son colza autour de 450 €/t. »

Un retour du tournesol

« La surface dédiée au tournesol augmente », constate Bertrand Mitard. Bien que le tournesol ait des rendements moins élevés que ceux du colza en raison des sécheresses estivales, sa gestion agronomique est plus souple et souffre moins de la pression exercée par les insectes. La surface cultivée est alors légèrement supérieure à celle de l’année dernière. D’après Jean-Luc Lespinas, responsable du service agronomie à la Cavac : « Si les cours se maintiennent, il est probable que nous observions une légère hausse de l’assolement en tournesol au détriment du maïs l’année prochaine ».

Une diminution des surfaces en colza

Contrairement au tournesol, l’assolement du colza est en baisse à l’échelle nationale alors que la demande ne cesse d’augmenter. Ce qui explique en partie la hausse des prix actuels. « En automne 2020, moins d’un million d’hectares ont été semés contre 1,5 million il y a cinq ans », rappelle Bertrand Mitard. Pour l’agriculteur, cette baisse de la production est aussi liée à une gestion agronomique difficile du colza. « Le retrait de nombreux insecticides limite la gestion des ravageurs devenus résistants aux produits encore à notre disposition. »

Une marge brute incertaine

Si la hausse du prix est pour le moment favorable aux producteurs, Bertrand Mitard met en garde : « Le gel et la sécheresse de ce printemps risquent de limiter les rendements de colza en France, notamment dans l’Est, le Nord et la zone intermédiaire ». En Vendée, les conditions pédoclimatiques de certains secteurs ne favorisent pas la pousse du colza. « Une grande partie des terres dans le bocage sont hydromorphes et peu adaptées à la culture », précise Jean-Luc Lespinas. Dans le Sud de la Vendée, la pression exercée par l’Orobanche met à mal les rendements. « Il faudrait des variétés résistantes à ce champignon pour cultiver le colza plus sereinement », relève Bertrand Mitard. Aux difficultés pédoclimatiques s’ajoute une augmentation constante du coût de production.

D’une manière générale, le prix des matières premières flambe : les engrais organiques azotés, l’acier et le pétrole sont en plein boom. « Les charges concernant les engrais azotés et le fioul ont respectivement augmenté de 20 % et 10 - 15 % depuis le début de l’année », indique Bertrand Mitard. L’agriculteur estime que d’ici la rentrée prochaine, les charges continueront de croître. Ce retour de l’inflation n’augure rien de bon !