Ovins : en 2022, les comptes d’exploitation se dégradent en lait comme en viande

[Tech-Ovin 2023] L’évolution positive des prix du lait et de la viande n’a pas compensé la hausse des coûts de production. Tous les systèmes voient le revenu courant par unité de main d’œuvre baisser de plus de 30%, voire davantage, et rémunérer à peine un Smic. Décryptage de l’Institut de l’élevage.

En ovins viande comme en ovins lait, l’augmentation des produits ne compense pas la hausse des charges : telle est la conclusion du volet économique d’un webinaire organisé par l’Institut de l’élevage en juin dernier dans le cadre du Comité de filière ovine. 

La situation s’est nettement dégradée entre 2021 et 2022 comme l’illustrent les analyses du réseau de fermes Inosys (161 élevages ovins viande, 48 élevages ovins lait). Si le réseau Inosys est représentatif de la diversité des systèmes d’élevage dans les territoires, il faut savoir que ses résultats, en ovins lait comme en ovins viande, sont historiquement et systématiquement supérieurs à ceux du Réseau d’information comptable agricole (Rica), du fait de leur profil et de leur efficience plus favorables que la moyenne des élevages.

Les indications de revenu courant par Unité de main d’œuvre (UMO) correspondent à des estimations, basées sur les résultats 2021 et un certain nombre d’hypothèses concernant les produits et charges de 6 systèmes (2 ovins lait, 4 ovins viande)

Ovins lait Nord-Occitanie : 1,0 Smic par UMO, -0,4 Smic en un an

Sur la zone Roquefort, le coût de production (2163€/1000l) augmente de 9,1% sur un an (soit +180€/1000l). La hausse du prix du lait (+2% à 1296€/l) et des produits joints (agneaux, réformes) ne compense pas, aides comprises, la hausse des coûts de production et ne permet pas de rémunérer la main d’œuvre à hauteur de 2 Smic par Unité de main d’œuvre (UMO) comme attendu mais à 1,0 Smic, soit une baisse de 0,4 Smic sur un an.

Coûts de production et rémunération permise en ovins lait Nord-Occitanie  (Source / Inosys – Institut de l’élevage)
Coûts de production et rémunération permise en ovins lait Nord-Occitanie (Source / Inosys – Institut de l’élevage)

Ovins lait Pyrénées-Atlantiques : 0,6 Smic par UMO, -0,3 Smic en un an

Sur le bassin laitier des Pyrénées-Atlantiques, le coût de production (2508€/1000l) augmente de 8,9% sur un an (soit +206€/1000l). La hausse du prix du lait (+3,9% à 1154€/l) et des produits joints (agneaux, réformes) ne compense pas, aides comprises, la hausse des coûts de production. La rémunération permise chute fortement : elle passe de 0,9 Smic par UMO à 0,6 Smic par Unité de main d’œuvre.

Coûts de production et rémunération permise en ovins lait Pyrénées-Atlantiques (Source / Inosys -  Institut de l’élevage)
Coûts de production et rémunération permise en ovins lait Pyrénées-Atlantiques (Source / Inosys - Institut de l’élevage)

Ovins viande pastoraux : 1,1 Smic par UMO, -0,5 Smic en un an

Dans les systèmes pastoraux, où les parcours sont prédominants (>66% des ressources fourragères, chargement <0,5UGB/ha), le coût de production s’établit à 26,3€/kgc, en hausse de 10% sur un an. Le prix des agneaux progresse de 8% à 7,6€/kgc. La rémunération permise passe de 1,6 Smic à 1,1 Smic par Unité de main d’œuvre.

Coûts de production et rémunération permise en ovins viande pastoraux (Source / Inosys -  Institut de l’élevage)
Coûts de production et rémunération permise en ovins viande pastoraux (Source / Inosys - Institut de l’élevage)

Ovins viande herbagers pastoraux et montagne : 0,1 Smic par UMO, -0,5 Smic en un an

Dans les systèmes herbagers des zones pastorales et de montagne (Massif central et son pourtour, chargement <1,4UGB/ha), le coût de production s’établit à 18,9€/kgc, en hausse de 12% sur un an. Le prix des agneaux progresse de 8% à 7,6€/kgc. La rémunération permise passe de 0,6 Smic à 0,1 Smi par Unité de main d’œuvre.

Coûts de production et rémunération permise en ovins viande herbagers pastoraux et montagne  (Source / Inosys -  Institut de l’élevage)
Coûts de production et rémunération permise en ovins viande herbagers pastoraux et montagne (Source / Inosys - Institut de l’élevage)

Ovins viande herbagers plaine : 1,0 Smic par UMO, -0,4 Smic en un an

Dans les systèmes herbagers des zones de plaine et herbagères (zones défavorisées du Nord Nouvelle-Aquitaine au Grand Est, chargement <1,4UGB/ha), le coût de production s’établit à 15,9€/kgc, en hausse de 13% sur un an. Le prix des agneaux progresse de 8% à 8,0€/kgc La rémunération permise passe de 1,4 Smic à 1,0 Smic par Unité de main d’œuvre.

Coûts de production et rémunération permise en ovins viande herbagers plaine (Source / Inosys -  Institut de l’élevage)
Coûts de production et rémunération permise en ovins viande herbagers plaine (Source / Inosys - Institut de l’élevage)

Ovins viande fourragers : 0,9 Smic par UMO, -0,5 Smic en un an

Dans les systèmes fourragers (systèmes majoritairement mixtes ovins-cultures, ovins-bovins), le coût de production s’établit à 12,9€/kgc, en hausse de 13% sur un an. Le prix des agneaux progresse de 10% à 8,1€/kgc. La rémunération permise passe de 1,4 Smic à 0,9 Smic par Unité de main d’œuvre.

Coûts de production et rémunération permise en ovins viande fourragers (Source / Inosys -  Institut de l’élevage)
Coûts de production et rémunération permise en ovins viande fourragers (Source / Inosys - Institut de l’élevage)

Les perspectives 2023

En dépit de la décrue de certains postes de charges et d’une évolution positive du prix des produits (+10% en lait, +5% pour les agneaux), l’Institut de l’élevage juge le contexte « très incertain » et réitère son leitmotiv : « toujours plus d’efficience ». Pas de recette magique et universelle mais des leviers à explorer au cas par cas, selon le contexte, le système et les objectifs des éleveurs. A commencer par la quête d’autonomie alimentaire (produire plus de céréales et de protéagineux quand c’est possible, maximiser la pâturage, notamment en automne-hiver où la production d’herbe est censée être plus importante sous l’effet du changement climatique et la quête de productivité (gestion des vides). Et de rappeler que la mécanisation reste le premier poste de charges courantes des exploitations ovines.