Pesticides et leucémies pédiatriques : la densité de vignes accroît le risque

Une étude de l’Inserm montre que le risque de leucémie n’augmente pas avec la simple présence de vignes à moins de 1000 mètres de l’adresse de résidence. Cependant, elle met en évidence une légère augmentation de ce risque en fonction de la surface totale des vignes présentes dans ce périmètre. L’Inserm poursuit ses travaux sur la vigne et les étend à d’autres cultures et à d’autres types de cancers.

La simple présence de vignes à moins de 1000 mètres de l’adresse de résidence ne semble pas en soi être un facteur de risque de leucémie. En revanche, les scientifiques ont observé une association entre le risque de développer une leucémie de type « lymphoblastique » et l’étendue de la surface couverte par les vignes, dans ce périmètre de 1000 mètres autour de l’adresse des enfants. Ce risque augmente de façon modérée en fonction de la surface couverte par les vignes : en moyenne pour chaque augmentation de 10% de la part couverte par les vignes dans le périmètre de 1000 mètres, le risque de leucémie lymphoblastique augmente de près de 10%. Telles sont les conclusions d’une étude de l’Inserm, en collaboration avec Santé Publique France, portant sur l’association entre la proximité du lieu de résidence aux vignes et le risque de leucémie chez les enfants de moins de 15 ans, couvrant l’ensemble du territoire métropolitain, et publiée dans le journal Environmental Health Perspectives.

« Une augmentation modérée du risque de leucémie »

L’étude a porté sur les leucémies lymphoblastiques, qui représentent 80% des leucémies pédiatriques, contre 20% pour les leucémies myéloïdes. En France, environ 500 leucémies sont diagnostiquées chaque année chez des enfants. Elles représentent environ 30% de tous les cancers pédiatriques.

Selon l’Inserm, l’exposition aux pesticides est suspectée d’être un facteur de risque de cancers pédiatriques, et plus particulièrement de leucémies. Mais les travaux disponibles jusqu’ici ont donné lieu à des résultats hétérogènes du fait notamment de la difficulté à obtenir des données fiables sur la localisation exacte de la résidence des enfants, l’étendue et la localisation des parcelles agricoles, le type de culture cultivée sur ces parcelles, l’utilisation de pesticides sur ces parcelles et le cas échéant la quantité et le type de pesticides utilisés.

« Nous mettons en évidence une augmentation modérée du risque de leucémie, qui nous incite à poursuivre nos travaux, explique Stéphanie Goujon, chercheuse Inserm et dernière autrice de l’étude, citée dans le communiqué. Nous avons ici commencé par la viticulture qui est une culture pérenne plus clairement identifiable que des cultures soumises à des rotations, par exemple, et qui fait l’objet de nombreux traitements phytosanitaires. Les analyses concernant les autres cultures sont en cours de même que les analyses d’autres types de cancers. En parallèle, nous travaillons sur l’évaluation des expositions aux différents pesticides utilisés sur ces cultures. C’est un travail long, complexe qui repose sur plusieurs collaborations ».