Plan de relance : les Chambres d'agriculture "dans toutes les cours de ferme"

Les Chambres d’agriculture s’engagent à accompagner tous les agriculteurs afin qu'ils s'emparent des différents volets du Plan de relance. Elles se préparent aux diagnostics carbone et ont démarré le conseil stratégique phytosanitaire, déplorant sur ce point le manque de financements pour les agriculteurs.

« En 2021, les Chambres d’agriculture iront dans chaque cour de ferme rencontrer chaque agriculteur, pour aider chacun à s’emparer du Plan de relance, à gagner en compétitivité ou encore améliorer sa situation environnementale ». A l’occasion de ses vœux à la presse, Sébastien Windsor, la président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) a sonné la mobilisation du réseau sur de nombreux chantiers, à commencer par ceux générés par le Plan de relance. Qu’il s’agisse des aides à l’investissement dans les agroéquipements permettant de réduire l’usage des intrants (215 M €) et de parer aux aléas climatiques (70 M €), le développement des protéines végétales (20 M €), le pacte « biosécurité bien-être animal » (100 M €), les bons diagnostic carbone (10 M €) ou encore le Plan haies (50 M €), les agriculteurs auront besoin d’éclairage et de décryptage.

« On n’est pas à la veille de revoir un tel plan de soutien, même si l’on se serait bien passé de la cause qui l’a amené », a indiqué l’élu, faisant référence à la crise sanitaire due au coronavirus. Le 7ème programme d'actions national « nitrates », prévu septembre 2021, s’invitera aussi dans les cours de ferme.

Sébastien Windsor, président de l’APCA, entouré d’Isabelle Chmitelin, directrice générale et de Christophe Hillairet, secrétaire général
Sébastien Windsor, président de l’APCA, entouré d’Isabelle Chmitelin, directrice générale et de Christophe Hillairet, secrétaire général

600 conseillers intarissables sur le Plan de relance

Concernant le Plan de relance, les Chambres finalisent un guide synthétique « pour aider les agriculteurs à piocher les bonnes réponses dans les méandres du Plan », détaille Christophe Hillairet, secrétaire général de l’APCA. « Nous allons également faire appel au service civique pour recruter environ 150 personnes vouées à organiser des réunions d’information dans tous les départements ».

Outre leur devoir d’information, les Chambres vont bien évidemment s’investir dans l’accompagnement et l’appropriation par les agriculteurs des différents volets du Plan. Le réseau a ainsi formé spécialement 600 conseillers, n’excluant aucune thématique et aucun territoire. Sur certains dossiers, les Chambres serviront d’appui au montage de dossiers. Sur d’autres, elles s’engageront dans la mise en œuvre, comme par exemple sur les volets légumineuses et haies, ou encore bâtiment, dans le cadre du pacte « biosécurité bien-être animal ».

Elles vont aussi s’engager sur les bons diagnostic carbone, qui cible les jeunes agriculteurs et les jeunes installés, et dont les appelés à projet seront lancés à la fin du mois de janvier. Il faut aussi compter avec les Projets alimentaires territoriaux (PAT), les Chambres se fixant l’objectif d’accompagner 400 projets contre 150 en 2019. Sur la même thématique et plus précisément sur les circuits courts, elles annoncent le lancement imminent d’une nouvelle plateforme.

Entre 500 et 1000 euros le conseil stratégique

Si le Plan de relance mobilise les Chambres, la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires est aussi dans leur viseur, avec l’instauration d’un conseil stratégique, même si l’échéance légale est programmée en 2023. « Nous avons formé 300 collaborateurs sur le conseil stratégique », affirme Sébastien Windsor. « Chacun d’entre eux a la charge de réaliser 8 conseils test afin de jauger le temps et in fine le coût pour l’agriculteur, avant de déployer le service à grande échelle. Comme son nom l’indique, ce conseil revêt un caractère important et nous ne voulons pas d’une prestation au rabais. Nous estimons entre 500 et 1.000 euros son coût de revient pour l’agriculteur. Nous attendons du ministère de l’Agriculture un soutien financier, qui pourrait venir du Plan de relance ou du plan Ecophyto ». Les Chambres estiment en moyenne à deux demi-journées de travail le temps nécessaire pour établir un conseil stratégique.

Les Chambres s’inquiètent par ailleurs des menaces de désengagement de l’Etat sur le Bulletin de santé du végétal (BSV), « une responsabilité régalienne de l’Etat », juge Christophe Hillairet.