Pommes de terre : planter moins pour maîtriser plus

La production de pommes de terre est en hausse en Europe mais ce n’est pas le cas de la demande, plombée par le Covid-19 et les perspectives de reconfinement. Selon le groupement des producteurs de pommes de terre du Nord-ouest européen (NEPG), les emblavements de 2021 devraient baisser de 15% pour aligner l’offre avec la demande.

Pour 2020, la récolte de pommes de terre dans les cinq principaux pays producteurs européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Belgique, Pays-Bas) est annoncée à 27,9 millions de tonnes, en hausse de 4,5%, soit un million de tonnes de plus que l’an dernier.

« Cela, si toutes les pommes de terre encore au champ sont effectivement récoltées, nuance le groupement des producteurs de pommes de terre du Nord-ouest européen (NEPG). La récolte est plus tardive que d'habitude avec tous les risques que cela implique tant en quantité qu’en qualité, et il y a encore des milliers d’hectares de pommes de terre à récolter dans les zones humides et difficiles de l'Ouest de la Belgique et en Grande-Bretagne ».

En France, le ministère de l’Agriculture annonce une récolte des pommes de terre de conservation et de demi-saison à près de 7 millions de tonnes, en hausse de 6,3% par rapport à 2019 en raison d’une légère augmentation des rendements et d’une hausse des surfaces.

Mais derrière cette offre abondante, la demande ne suit pas. « En raison du Covid-19, la demande mondiale de produits transformés à base de pommes de terre a diminué et la demande réelle de matière première des usines est d'environ 85% par rapport à la saison précédente avant la pandémie, fait savoir le NEPG. Le faible niveau actuel des prix aux producteurs pour la transformation des pommes de terre sur le marché libre confirme cet état de fait ».

Le défi du stockage longue durée

Le syndicat alerte aussi sur le fait que les transformateurs de pommes de terre européens et nord-américains « disposent de stocks importants de produits finis dans leurs entrepôts frigorifiques et semblent avoir besoin de moins de matière première pour une assez longue période ».

« On s'attend à ce qu'ils réduisent le volume de leurs contrats avec les producteurs l'année prochaine et n'ont guère d'intérêt pour les pommes de terre libres », poursuit le syndicat. Sans compter qu’un deuxième confinement c’est pas à exclure.

Pour ces raisons, le NEPG considère que les producteurs devraient planter au moins 15% de pommes de terre en moins au printemps prochain.

Le syndicat pointe également le défi technique que constitue le stockage de longue durée en l’absence du chlorprophame (CIPC), antigerminatif désormais interdit dans l’Union européenne. « La disponibilité de certains antigerminatifs est inférieure aux besoins des producteurs, et leur utilisation est plus coûteuse et techniquement plus difficile (hangars adaptés, équipements de « gazage », etc.) qu'avec le CIPC », estime le NEPG, qui s'attend à ce que « moins de producteurs optent pour le stockage extrêmement long » et conseille fortement « de recalculer le prix de revient avant de signer tout contrat de livraison tardive ».