Premiers échos de la moisson 2022 : près de 1000€ d’écart de revenus à l’ha selon les situations observées

Rendements très hétérogènes, charges élevées et prix de vente très volatils : la campagne 2022 va déboucher sur des situations extrêmement variées selon les exploitations. Exemples des revenus dégagés par la moisson de blé avec trois illustrations chiffrées.

moisson

La moisson en France est en cours. Elle va permettre d’apprécier si l’objectif fixé lors de l’implantation des cultures est atteint, à savoir d’obtenir un revenu pour rémunérer le travail et constater des excédents de trésorerie pour développer l’exploitation. Ce revenu dépend de 3 paramètres :

  • Les volumes effectivement récoltés,
  • La valorisation de la récolte à travers la situation des marchés agricoles et les décisions de commercialisation prises,
  • Les charges engagées à l’ha.

Les rendements 2022 sont très hétérogènes.

  • Les exploitations situées dans les régions ayant des potentiels en céréales supérieurs à 8 t/ha vont probablement battre des records, comme l’indiquent les rendements constatés en orge brassicole et en blé avec des résultats à plus de 10 t/ha sur certaines exploitations.
  • Au contraire, les exploitations situées en zone intermédiaires sur des sols ayant peu de réserve hydrique et qui « n’ont pas été arrosées par des orages au printemps », peuvent connaitre des records, mais dans l’autre sens, à savoir obtenir un rendement situé dans les plus bas depuis 15 ans comme c’est observé en orge brassicole, voire en blé.

Les charges engagées pour la récolte 2022 progressent de 100 à 300€/ha en lien avec l’inflation observée sur les engrais azotés achetés en 2021 et les décisions de gestion prises sur chaque exploitation.

La combinaison de ces 3 paramètres (rendement, prix et charges engagées) va permettre d’apprécier le résultat obtenu sur chaque exploitation une fois que la moisson sera terminée.

Dans l’attente, nous présentons ci-après 3 situations d’agriculteurs pour illustrer la très grande hétérogénéité des revenus attendus au titre de la moisson 2022. Nous avons retenu les hypothèses suivantes pour les 3 agriculteurs produisant du blé tendre :

  • Seuils de commercialisation de 200€/t (net des aides Pac, rémunération du travail de l’exploitant comprise)
  • Valorisation de la récolte de 265€/t (moyenne des cotations (dec 2022 euronext) hebdomadaires entre le 1er aout 2021 et ce jour, de laquelle on a déduit 25€ de base).

Les hypothèses retenues et les rendements constatés permettent d’approcher l’excédent de trésorerie constaté à l’ha pour la culture du blé après rémunération du travail de l’agriculteur.

Damien : Blé 2022 : 4,5 t/ha, soit 2 t de moins que la moyenne de ses rendements depuis 10 ans (6.5 t par ha)

L’absence d’eau au printemps sur des sols superficiels se traduit par une perte de récolte de 30%. Il en découle un chiffre d’affaires d’environ 1200€/ha, inférieur aux dépenses engagées. Pour que Damien puisse atteindre son objectif d’avoir un revenu, il doit vendre la récolte 2023 à au moins 290€ la tonne.

Vincent : Blé 2022 : 7 t/ha, ce qui correspond à la moyenne de ses rendements réalisés depuis 10 ans.

L’exploitation de Vincent est située en zone intermédiaire et « a été arrosée » par des orages au printemps ce qui a permis de préserver le potentiel de récolte. Un excédent de près de 450 € /ha est attendu en retenant en valorisation de la récolte à 265€/t.

Julien : blé 2022 : 10 t/ha, soit 1 tonne au-dessus de la moyenne de ses rendements réalisés depuis 10 ans (9 t/ha).

Le chiffre d’affaires de Julien est « dopé » par la combinaison d’un rendement supérieur aux moyennes et du niveau actuel des marchés.  L’excédent annuel pourrait ainsi atteindre près de 850€/ha, voire plus de 1000€/ha selon les décisions de commercialisation prises.

Nous vous donnons RDV dans quelques jours pour présenter le revenu des exploitations agricoles françaises  en intégrant l’ensemble des cultures.

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