Produits phytos : 38% des usages sans solution, 25% avec une seule

Ce sont les chiffres mis en avant par les fabricants de produits phytosanitaires, qui réclament de la part des autorités un cadre réglementaire adapté, stable et reposant sur la science, ainsi qu’une planification des politiques agricoles synchronisée avec les temps de la recherche et de l’homologation.

« Pas d’interdiction sans solution » : Phyteis, l’organisation professionnelle qui fédère les 18 entreprises du secteur, et représentative de 96% du marché national, fait sienne la maxime que la FNSEA, entre autres, brandit régulièrement. En tout cas, à chaque fois qu’une décision, française ou européenne, a pour effet de faire éjecter un produit du local phyto. Et ces derniers temps, entre le phosmet, les néonicotinoïdes en traitement de semences sur betteraves sucrières (fin de dérogation) et bientôt le S-métalachlore, et pourquoi pas le prosulfocarbe, c'est un sérieux ménage qui s'opère dans l'armoire à pharmacie.

Ce qui n'a évidemment pas échappé aux fabricants des dits-produits. « 38% des usages ne sont pas pourvus en solutions de protection et 25 % des usages sont couvert par une seule et unique solution technique », rappelle Phyteis dans un communiqué, ne faisant que rapporter les chiffres mentionnés par le CGAAER, dans un rapport sur les usages orphelins, publié en 2021. Phyteis fustige la réduction « brutale » des solutions de protection des cultures, confiant à des « impasses techniques ». « La planification des politiques agricoles doit tenir compte du temps incompressible de mise au point de nouvelles solutions et des délais d’homologation des produits réglementés. Elle doit aussi permettre l’émergence d’un cadre réglementaire adapté, stable et reposant sur la science, à même de favoriser l’accélération et la diversité des pistes d’innovation ».

Approche combinatoire

Phyteis rappelle au passage que les activités de ses membres intègre l’ensemble des solutions de protection des cultures au sein d’une approche combinatoire, reposant sur quatre familles de solutions complémentaires, à savoir l’agronomie digitale qui facilite le pilotage des itinéraires techniques, les biotechnologies qui constituent « l’une des formes les plus prometteuses de protection intrinsèque des cultures », la bioprotection directement inspirée des mécanismes naturels et la phytopharmacie utilisée de façon « ciblée ».

En 2022, 275 millions d’euros ont été investis en France en 2022 par les adhérents de Phyteis, soit 11 % du total de leur chiffre d’affaires. A horizon 2030, au niveau européen, le secteur a prévu d’investir 10 milliards d’euros dans le développement et le déploiement de solutions d’agronomie digitale et 4 milliards d’euros dans le développement et le déploiement de solutions de bioprotection.

Rebond en trompe-l’œil en 2021

Selon les données de Phyteis, 55.400 tonnes de matières actives ont été vendues aux distributeurs français en 2021, contre 52.347 tonnes en 2019 et 68.878 tonnes en 2018. « La progression du volume des ventes entre 2020 et 2021 reste conjoncturelle et s’explique par le climat inflationniste, les tensions d’approvisionnement et les réflexes d’achats de précaution observés dans le contexte de la crise sanitaire », explique Phyteis.