Vers un retrait des herbicides à base de S-métolachlore

L’Anses engage la procédure de retrait des principaux usages des produits phytopharmaceutiques à base de S-métolachlore sur la base des risques de transfert dans les eaux souterraines de trois métabolites problématiques. Au niveau européen, l’EFSA doit se prononcer sur le sort de l’herbicide dans les prochaines semaines.

« L’évaluation du risque de transfert aux eaux souterraines des métabolites du S-métolachlore montre des concentrations en métolachlore-ESA, métolachlore-OXA et métolachlore-NOA inacceptables du fait de dépassements du critère des principes uniformes de la législation, fixé à la limite de qualité de 0,1 µg/litre, ce qui remet en cause l’autorisation actuelle de certains usages des produits pour des raisons de protection des ressources hydriques, dans un souci de limitation aussi bas que possible de la pollution de celles-ci ». Telle est la conclusion figurant dans un avis de l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, publié le 15 février.

Des réductions de doses inopérantes

En 2021, l’agence sanitaire avait publié un rapport pointant des niveaux de contamination des eaux souterraines, des eaux de surface et des eaux destinées à la consommation humaine « inacceptables au regard de la réglementation ». A l’issue de ce rapport, l’Anses avait introduit des mesures de restriction dans les autorisations de mise sur le marché des produits à base de S-métolachlore, en particulier une réduction des doses maximales d’emploi (1000 g/ha) pour le maïs (grain et fourrage), le tournesol, le soja et le sorgho, assortie d’une ZNT de 20 mètres vis-à-vis des points d’eau.

Au vu de ce risque pour la qualité des ressources en eau, l’Anses engage une procédure de retrait des principaux usages des produits phytopharmaceutiques contenant la substance active S-métolachlore. « Cela permettra de réduire la contamination de l’environnement par cette substance et contribuera donc à une restauration progressive de la qualité des eaux souterraines », indique l’agence dans son avis.

En septembre 2022, l’Anses avait classé deux des métabolites de l’herbicide (métolachlore-ESA et métolachlore-NOA), comme « non pertinents » du point de vue des risques associés à la consommation d’eau contaminée, ce qui avait de facto induit le relèvement du seuil de qualité de l’eau de boisson de 0,1 µg/l à de 0,9 µg/l pour les deux métabolites, au grand dam d’associations environnementales.  

Selon le ministère de la Santé, en 2020, le métolachlore-ESA était la molécule responsable de la majorité (51%) des non-conformités de l’eau potable (devant l’atrazine), affectant 1,6 million de personnes, « des proportions en augmentation par rapport à 2019 ».                               

Evaluation européenne en cours

Homologué en 2004, le S-métolachlore est actuellement en cours d’instruction au niveau européen dans le cadre de la procédure de renouvellement d’approbation. L’Autorité européenne de sûreté des aliments (EFSA) doit se prononcer sur le sort de l’herbicide dans les prochaines semaines. En 2022, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a classé le S-métolachlore comme susceptible de provoquer le cancer. L’herbicide est suspecté d’être un perturbateur endocrinien.