Protéines : relever le défi du pois… chiche ?

[Edito] Les légumes secs, de surcroît s’ils sont bio, symbolisent à eux seuls la triple ambition du gouvernement de développer la production de plantes riches en protéines, d’augmenter les surfaces en agriculture biologique et d’approvisionner les cantines en produits « de qualité et durables ». Mais malgré les plans protéines successifs, ils peinent encore à faire leur place dans les rotations et dans les assiettes.

Lentilles vertes du Puy, coco de Paimpol, mogette de Vendée, haricot tarbais… malgré des produits bien ancrés dans les terroirs, les légumes secs n’ont pas la cote en France. Leur consommation a été divisée par quatre en vingt ans et les Français consomment en moyenne trois fois moins de légumes secs que les autres habitants de la planète.

Leurs bénéfices ne sont pourtant plus à démontrer, tant sur le plan nutritionnel qu’agronomique. Ils s’insèrent dans les rotations comme cultures de diversifications, dans les couverts d’intercultures comme fixateurs d’azote, ou encore comme plantes compagnes dans les cultures principales. Ils sont également des atouts maîtres en agriculture biologique et font d’ailleurs partie des cultures les plus cultivées en bio, avec une part de 35% des surfaces (contre 8% toutes cultures confondues).

A la croisée des ambitions de l'Etat

Les légumes secs bio symbolisent à eux seuls la triple ambition du gouvernement de développer la production de plantes riches en protéines, d’augmenter les surfaces en agriculture biologique et d’approvisionner les cantines en produits « de qualité et durables ». Ils sont en ce sens à la croisée des objectifs fixés d’ici 2022 pour la loi Egalim (50% de produits de qualité dans les cantines), du plan Ambition bio (15% de surfaces bio) et du plan protéines (+ 400 000 ha de légumineuses).

Pour booster leur développement, le plan protéines du gouvernement a attribué aux agriculteurs une enveloppe d’aides à l’investissement « dans des équipements spécifiques permettant la culture, la récolte et le séchage d’espèces riches en protéines ». Ouvert début janvier, un premier dispositif de 20 millions d’euros avait été contraint de fermer au bout de quelques jours, victime de son succès. La grande majorité des dossiers ont été déposés pour des matériels de production fourragère (fenaison, etc.). Conscient que la liste des équipements éligibles était trop large, le gouvernement a annoncé le déblocage d’une nouvelle enveloppe pour viser plus spécifiquement la culture de légumineuses à graines et le sursemis de légumineuses fourragères. Ce second dispositif sera ouvert sur le site de FranceAgriMer le 17 mai.

Le défi de sécuriser les débouchés

Le gouvernement aide aussi à la structuration des filières via une enveloppe de 50 millions d’euros, indispensable à la construction d’offres locales, à valeur ajoutée pour les producteurs. Car sans débouchés sécurisés, les rendements plus que variables et le manque de compétitivité des légumineuses à graines en France demeurent des productions trop précaires face au marché mondial.

Reste à séduire le consommateur pour qui les légumes secs revêtent encore une image vieillotte, et à introduire ces légumineuses dans nos menus. On peut compter pour cela sur la Fédération nationale des légumes secs, qui propose sur son site des recettes originales : « verrines de mogettes », « cupcake de haricots blancs », « risotto de lentilles vertes », « gâteau pois-chiches chocolat »… Alors, à nos fourneaux !