Que recèle le vote agricole ?

[Edito] Emmanuel Macron et Eric Zemmour sont en tête des intentions de vote des agriculteurs pour l’élection présidentielle. C’est ce qui ressort d’une étude du Cevipof, qu’il convient cependant de prendre avec des pincettes.

A deux mois du premier tour de l’élection présidentielle, l’intention de vote de l’ensemble des Français est cinq points plus bas que lors de l’élection 2017. C’est l’un des principaux résultats d’une enquête Ipsos-Sopra Steria réalisée en partenariat avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), conduite entre le 3 et le 7 février, sur un échantillon de 12.500 personnes. Selon l’enquête, seuls 65% des Français seraient certains d’aller voter au premier tour, contre 70% en février 2017. Et dans ce panel, le monde agricole apparaît fortement démobilisé : seuls 45% des agriculteurs seraient certains d’aller voter, soit 20 points de moins que le reste de la population, selon Martial Foucault, le directeur du Cevipof.

En matière de choix des candidats, il ressort de l’étude que les agriculteurs envisagent de voter pour Emmanuel Macron à 29% et pour Eric Zemmour à 24%. Valérie Pécresse, quant à elle, recueille seulement 7% des intentions de vote, un chiffre extrêmement bas pour la candidate Les Républicains, alors que la droite remporte traditionnellement la majorité du vote agricole. En 2012, Nicolas Sarkozy récoltait ainsi 44% des voix des agriculteurs au premier tour, loin devant Marine Le Pen (19,5%). En 2017, François Fillon figurait aussi en tête dans les votes des agriculteurs, mais talonné de près par la candidate d’extrême droite. Avec Emmanuel Macron et Eric Zemmour en tête des intentions de vote, l’élection de 2022 pourrait donc rebattre les cartes du vote agricole.

Reste que les résultats de cette enquête sont à prendre avec des pincettes au vu du faible effectif des exploitants agricoles, ceux-ci ne représentant que 1% du corps électoral. Ramené à l’échantillon de sondés, cela représente moins de 150 personnes… 

Un électorat important

Cependant, si les agriculteurs ne représentent qu’une infime partie des électeurs, le poids de “l’électorat agricole", au sens plus large, ne doit pas être sous-estimé. Celui-ci englobe les retraités, les salariés agricoles, ou encore les membres de la famille des exploitants. En 2012, le sociologue François Purseigle estimait cet électorat agricole à 3 millions d’inscrits sur les listes électorales, soit environ 8% du corps électoral. 

Les candidats à la présidentielle savent que ces voix sont importantes. Pas étonnant donc que le Salon de l’agriculture demeure un rendez-vous incontournable des politiques, a fortiori en cette année électorale. “Il était impensable que ce moment très important pour l’ensemble de la profession agricole ne puisse se tenir cette année”, a d’ailleurs affirmé le ministre de l’Agriculture lors d’une conférence de presse le 14 février. Le premier à fouler les tapis du parc des expositions sera le pas-encore-candidat Emmanuel Macron, attendu lors de l’inauguration le 26 février. En 2020, il avait été pris à parti sur les distorsions de concurrence, les ZNT ou encore les revenus des agriculteurs… autant de sujets qui seront sans nul doute remis sur le tapis cette année.