Qui veut la peau des lieutenants de louveterie ?

Réunis en congrès régional la semaine dernière à Durtol (63), les Lieutenants de Louveterie d'Auvergne-Rhône-Alpes ont largement débattu sur l'augmentation des incivilités et des menaces dont ils sont victimes.

Les Lieutenants de Louveterie d'AuRA étaient réunis le 17 mai dernier dans le Puy-de-Dôme. Ces agents bénévoles de l'État ont pour mission d'éradiquer les nuisibles, depuis la création de leur corporation sous le règne de Charlemagne. Si le loup était leur priorité au Moyen-Âge, ils interviennent désormais majoritairement pour la régulation d'autres espèces comme le sanglier. Lors de leur congrès, les louvetiers de toute la région ont témoigné être victimes d'incivilités et d'actes d'une extrême violence, tant sur les réseaux sociaux que lors de l'exercice de leur fonction.

Tête mise à prix, véhicule vandalisé... les louvetiers sous les menaces

« L'un de nos collègues dans les Bouches-du-Rhône a reçu des menaces de mort. Un autre en Ardèche a vu sa tête mise à prix. Dans un autre département, un louvetier a retrouvé sa voiture vandalisée » égraine Philippe Caterino, président des louvetiers d'AuRA. 

À cela s'ajoute les incursions régulières de collectifs et d'opposants pour faire obstacle au bon déroulement des interventions notamment des battues administratives. Les actes de malveillance se multiplient à l'encontre des louvetiers. Ces bénévoles agissent sur décision préfectorale, là où les chasseurs n'ont pas su ou ne peuvent pas intervenir pour réduire les dégâts causés par la faune sauvage.

Dans le département du Puy-de-Dôme, la vingtaine de louvetiers a prélevé en 2024, « 35 sangliers, une centaine de corbeaux, 2 cerfs et une centaine de blaireaux » précise Sylvain Ytournel, président des lieutenants de louveterie du Puy-de-Dôme. Le nombre d'interventions a bondi de 35 % et se multiplient surtout dans les zones périurbaines comme Issoire, Riom, près du Zénith de Cournon-d'Auvergne ou encore sur l'écopôle de Dallet. « Nous ne sommes plus seulement en rase campagne. Les gens nous voient et cela en dérange certains. »

Les louvetiers dans le collimateur des associations de défense animale

Hasard du calendrier, ce congrès se déroulait le lendemain du dépôt de plainte de l'association One Voice, contre un lieutenant de louveterie puydomois pour avoir tué des choucas près d'un hôtel de Riom. L'intervention diligentée par la Préfecture visait les corbeaux qui pullulent dans la zone. Présent au congrès, le Préfet du Puy-de-Dôme s'est peu étendu sur la question. « Nous sommes à l'époque des réseaux sociaux et d'associations aux comportements particuliers. Il faut vivre avec. Cela demande de faire preuve de discernement et de respecter scrupuleusement le cadre réglementaire. Un rapport sur cette intervention a été demandé à la DDT. »

Pour Philippe Caterino, cette défiance vis-à-vis des louvetiers est davantage « le symptôme d'une société qui ne craint plus de s'attaquer à tout ce qui porte un uniforme et fait respecter la loi ». 

Julien Nicolas, président des lieutenants de louveterie de France encourage ses confrères « à dénoncer ces actes dès les prémices (...) le ministère de l'Écologie et de l'Intérieur sont au fait (...) ils interviennent rapidement pour trouver et entraver les mis en cause ».

Présents également, Sabine Tholoniat, présidente de la FNSEA 63 et Dominique Busson, président de la fédération des chasseurs du Puy-de-Dôme, ont apporté leur soutien plein et entier aux louvetiers.