Réchauffement 2100 : préparer les esprits, nos vies et nos exploitations à +4°C

Le ministère de la Transition écologique lance une consultation publique contribuant à bâtir, d’ici à la fin de l’année, un nouveau Plan national d’adaptation au changement climatique. Un scénario à +4°C à horizon 2100 en France métropolitaine, qualifié de « réaliste » dans l’état actuel de la trajectoire, est sur la table.

trajectoire-adaptation@ecologie.gouv.fr : c’est l’adresse mail à laquelle les Françaises et les Français sont invités à donner leur avis sur le projet de Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC). Pourquoi une telle consultation publique ? « Pour participer à la prise de conscience, accélérer aussi pour un certain nombre d'acteurs, une prise de conscience de cette réalité du réchauffement et de ses conséquences », a répondu lors d'un point presse Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique à l’occasion du lancement officiel de la consultation ce 23 mai.

Pourquoi définir une trajectoire de réchauffement ? Pour déterminer « la hausse de température à laquelle on s'attend et ensuite élaborer  un plan national d'adaptation qui tient compte de cette température pour la décliner en référentiels techniques, en conseil ou en levier budgétaire pour être capable d'agir ». La consultation publique, ouverte jusqu’à la mi-septembre, contribuera en effet à élaborer le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), attendu pour la fin de l’année.

+4°C d’ici à 2100, un scénario « réaliste »

La consultation publique est organisée autour de trois questions, dont une, la deuxième, entérine un réchauffement de 4°C en France métropolitaine à l’horizon 2100. Pourquoi 4°C ? Les 4°C correspondent à la trajectoire que dessine le rythme actuellement suivi par nos émissions de gaz à effet de serre (GES), à savoir une élévation de la température comprise entre +2,8°C et +3,2°C à l’échelle mondiale en 2100, ce qui équivaut à +4°C en France métropolitaine, compte tenu de l’effet tampon des océans.

"On va sortir d’une forme de déni, consistant à faire comme si le monde allait pleinement respecter l'Accord de Paris "

Ce scénario est qualifié de « pessimiste » dans la consultation publique mais « à la minute où nous parlons », de « réaliste » par Christophe Béchu. On va sortir d’une forme de déni, consistant à faire comme si le monde allait pleinement respecter l'Accord de Paris ».

Conséquence de différents gradients d’élévation de température sur certains extrêmes climatiques (Source : ministère de la Transition écologique)
Conséquence de différents gradients d’élévation de température sur certains extrêmes climatiques (Source : ministère de la Transition écologique)

L'Accord de Paris, un scénario « optimiste »

La consultation ne fait pas pour autant l’impasse sur l’objectif de l’Accord de Paris (+2°C maximum, si possible +1,5°C), un scénario qualifié de « volontariste, optimiste à ce stade » par le ministre de la Transition écologique, et correspondant « à ce pour quoi nous nous battons en termes de planification écologique ». Christophe Béchu fait référence à la réunion du Conseil national de la transition écologique du 22 mai, au cours de laquelle la Première ministre a rehaussé, pour chacun des cinq grands secteurs émetteurs de GES (transports, agriculture, bâtiment, industrie, énergie) les objectifs de réduction afin de respecter les engagements européens de la France en 2030. La feuille de route de chaque secteur sera détaillée d’ici à la fin du mois de juin.

Nos concitoyens sont donc invités à valider – ou invalider – cette trajectoire de +4°C. Dans une troisième question, citoyens, acteurs économiques et collectivités sont invités à formuler des suggestions quant aux outils d’adaptation dont ils auront besoin pour faire face aux impacts du réchauffement, afin qu'aucun « angle mort » n’échappe au futur Plan d’adaptation, argumente Christophe Béchu.

Et la première question, au fait ? Elle est la suivante : « La France doit-elle se doter d’une trajectoire de réchauffement de référence d’ici la fin du siècle pour pouvoir s’adapter, tout en poursuivant la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre en ligne avec les objectifs de l’Accord de Paris ? ». Une question destinée sans doute à jauger le nombre de « climato-négationistes ».