Reprendre un domaine, un projet de vie !

Faire de sa passion son métier. Voici ce qui a poussé Julien Martins, jeune vigneron, à reprendre un vignoble il y a dix-huit mois. Rencontre avec ce féru de vin pour qui la diversité du métier est un gage d’épanouissement.

C’est par passion pour le vin que Julien Martins a investi dans un domaine viticole vouvrillon en 2021. Après plusieurs années de réflexion, ce jeune entrepreneur, originaire du Berry, pose ses valises dans la Vallée de la Loire. « Je voulais être propriétaire de mon vignoble, explique-t-il. Je ne me voyais pas faire du vin sur des vignes qui ne m’appartiennent pas. Et la région du Val de Loire permet encore d’accéder au foncier, le prix des terres restent assez contenus par rapport à d’autres grandes appellations. »

Après des études de chimie puis un diplôme national d’œnologue à Bordeaux en 2008, Julien Martins travaille dix années dans divers domaines viticoles à travers l’Hexagone. Non issu du secteur agricole, il reprend la totalité de l’exploitation chancéenne : vignes, chai, matériel et maison d’habitation. « Un outil prêt à fonctionner », souligne-t-il.

"C’est clairement un projet de vie que je partage avec ma femme. L’objectif à moyen terme est qu’elle puisse me rejoindre sur l’exploitation."

UN CHANGEMENT DE PRATIQUES

Côté entretien des vignes, ses prédécesseurs pratiquaient le désherbage total de la vigne. Julien aspire à une vision différente de la production viticole et décide dès la première année de travailler les sols. « Mais au fur et à mesure, assure-t-il. Nous savons que travailler un sol qui ne l’a pas été durant des décennies est un risque pour le système racinaire des plantes. Cela peut également engendrer une perte de rendement significative. » Sur les 9 ha du domaine, l’entrepreneur de 38 ans fait le choix de travailler ses sols parcelle par parcelle en décavaillonnant sous le rang. Le milieu du rang reste quant à lui enherbé. « Cette pratique n’est pas pour moi un argument commercial. C’est juste ma volonté d’être un peu plus vigilant face à l’environnement », glisse-t-il.  

DES MOUTONS EN GUISE DE TONDEUSE

Le jeune vigneron disposait avant sa reprise d’exploitation de quelques moutons, de race Ouessant et Ile de France. Laissant dorénavant le rang enherbé dans son vignoble, il y fait paître ses moutons d’octobre à fin mars. « Je les enlève avant le débourrement de la vigne », rassure le jeune vigneron. « Avec les automnes doux que nous rencontrons, ce sont eux qui désherbent à ma place après les vendanges », s’amuse-t-il. L’intégration des animaux fait entièrement partie de l’histoire du domaine. « Nous l’avons appelé Domaine du mouton noir pour deux principales raisons », raconte Julien Martins. « Dans un premier temps, nous avons en effet intégré des moutons au sein même de nos parcelles, et certains sont noirs. Mais c’est aussi plus subtil. Je suis un peu le mouton noir de l’appellation. Je ne suis pas du tout natif de la région, je suis jeune et je ne suis pas issu de la profession. Mais l’accueil de mes confrères a été agréable et je m’en réjouis », complète-t-il.

LA COMMERCIALISATION À RÉINVENTER

Le domaine du mouton noir produit entre 45 et 50 000 bouteilles chaque année. « Nous n’avons pas récupéré le fichier clients de nos prédécesseurs. Nous avons donc tout à faire sur la partie commerce. » Raison pour laquelle Julien Martins réalise des salons viticoles professionnels en France et à l’étranger. « Nous souhaitons valoriser au maximum notre production sous forme de bouteilles, auprès de cavistes, restaurateurs ou particuliers. Mais nous sommes ouverts à toute proposition », ironise-t-il. Il est conscient que la tâche est rude. « Nous débutons dans un contexte inflationniste où le prix de nos matières premières, comme les bouteilles, ne cesse d’augmenter. Mais je reste optimiste, cela ne va pas durer ! Et puis nous souhaitons développer le secteur des CHR (cafés, hôtels, restaurants.) »