S’informer pour bien transmettre son exploitation

Le 11 février dernier, une dizaine de personnes a participé au forum cédants organisé par les Jeunes agriculteurs de la Manche. A la clé, une mine d’informations proposées par des partenaires en vue de préparer au mieux la succession.

« Une installation ne va pas sans transmission », tel était le message de Paul-Albert Mouchel, vice-président des JA de la Manche, lors du Forum cédants organisé le 11 février dernier, à Saint-Lô. Effectivement, le syndicat des JA prône pour installer des jeunes plutôt que de morceler ou aller à l’agrandissement. Pour cela, les JA sensibilisent les futurs retraités en leur proposant un temps d’échanges avec différents partenaires évoquant l’aspect financier, fiscal, patrimonial… Les questions restent multiples, alors les différents intervenants ont bien précisé qu’il fallait anticiper.

Faire des estimations

Pour illustrer la démarche, les JA sont allés dans une exploitation pour réaliser une vidéo. Les autres années, les participants pouvaient échanger en direct avec les retraités et les nouveaux installés. Mais en raison de la crise sanitaire, les échanges se sont déroulés en salle. Et c’est l’exemple de Daniel Ledoyer, retraité depuis moins d’un an, qui a fait part de son témoignage. Le Gaec qu’il a constitué avec son épouse, et avec son fils Edouard, reste désormais à trois associés. Il s’est retiré au profit de Vanessa Vimond, après un contrat de parrainage, et des stages effectués lors de son bac et BTS. Entre deux, la jeune femme a été inséminatrice pendant 8 ans. Aujourd’hui, le Gaec de la Jonquière, installé à Le Hommet d’Arthenay, compte toujours trois associés. Pour partir sur le bon pied, le cédant et le futur associé sont passés par l’estimation économique, patrimoniale… L’objectif étant de ne léser personne, et de faire perdurer l’exploitation. « Il faut impliquer le jeune dans notre fonctionnement, partager la vision de l’exploitation », assure le désormais retraité. Chose qui a été faite.

L’agriculture intéresse

Dix mois avant de prendre sa retraite, Daniel Ledoyer a envoyé à la Chambre d’agriculture sa déclaration d’intention de cessation d’activité. Un document clé, qui permet à la chambre consulaire d’intégrer l’exploitation sur le RDI (registre départ installation).
L’année dernière, 44 nouvelles inscriptions ont été enregistrées, portant à 106 structures sur le registre dont les deux tiers sont à céder, et un tiers est à la recherche d’associés. Des candidats s’inscrivent également sur le registre, en quête de trouver leur bonheur. Ils étaient 72 en 2020 à franchir le pas, portant le nombre global de candidats à 187. « Cela montre que l’agriculture intéresse », note Christelle Durand, conseillère référente transmission à la Chambre d’agriculture de la Manche.

Anticiper

L’anticipation reste le mot clé d’une future cessation d’activité afin que la transmission se déroule dans les meilleures conditions. Chambre d’agriculture, MSA, GDS, centres comptables (CER France, AS Normandie), ont alimenté les échanges. Et comme chaque année, les questions sont nombreuses. Et les réponses alimentent la réflexion des futurs cédants.

67 installations en 2020
En 2020, 67 installations « aidées » ont été enregistrées. Un chiffre en nette régression en raison à la fois de la situation conjoncturelle et sanitaire. Sur les 11 dernières années, ce sont en moyenne 96 jeunes qui ont bénéficié de la DJA (Dotation jeunes agriculteurs), une DJA qui peut désormais s’élever au maximum à 29 000 euros en zone de plaine et à 39 750 euros en zone défavorisée. L’année dernière, la DJA a atteint une moyenne de 25 254 euros.
Sur les 67 installations, 84 % ont été réalisées par des hommes, âgé de 27 ans, d’origine agricole à 64 %, Près de la moitié d’entre eux ont un niveau BTS voire plus. La production majoritaire reste le lait. Les projets en agriculture biologique représentent 25 % des installations aidées.