Saint-Louis Sucre : « La fermeture de Cagny, c’est du foutage de gueule »

Loïc Touzé, salarié Saint-Louis Sucre et délégué syndical FO, s'insurge de la fermeture de la sucrerie, annoncée le 31 mars 2021. L’entreprise, filiale de l’allemand Südzucker, expliquait, en 2020, vouloir maintenir une activité de stockage. Une façon de contourner la loi Florange.

Que savez-vous sur ce dernier rebondissement à la sucrerie ?

La nouvelle est tombée en comité social et économique central le 29 mars. Saint-Louis Sucre n’a pas besoin de garder le silo de stockage de Cagny. L’entreprise avait refusé de vendre le site l’année dernière : c’est du grand foutage de gueule. Les travaux prévus pour reconfigurer la sucrerie (déplacement de la chaudière et des compresseurs) n’ont pas été faits. On sentait le coup venir. Leur stratégie était montée dès le départ.

Dans quel état est le site industriel ?

Depuis un an, il n’y plus de production. Étrépagny, dans l’Eure, devait nous envoyer du sucre. Nous avons reçu moins de 10 000 tonnes. SLS a trouvé l’excuse de la jaunisse, des néonicotinoïdes. Il reste un silo de 5 000 t à vidanger. L’usine a commencé à être démontée : les cinq presses à pulpes sont parties en Belgique (2), à Étrépagny (2) et à Roye (1). Ce sont des équipements majeurs qui coûtent cher. SLS veut décourager d’éventuels repreneurs. Les câbles électriques ont été coupés, pour la sécurité… Le site est dénaturé mais à vendre.

Que peut-il devenir ?

SLS chercherait un repreneur qui le dépolluerait et le rachèterait à moindre coût. La société Brownfield est citée. Elle est spécialisée dans la réhabilitation de friches industrielles, dont les actionnaires principaux sont la Caisse des dépôts, la Banque européenne d’investissement et le Fonds de réserve pour les retraites.

 

Patrick Dechaufour, président de la CGB Calvados, Orne Sarthe
« La supercherie a été plus courte que prévue »
« Südzucker avait, par l’activité de stockage, trouvé un moyen de contourner la loi française et d’empêcher la reprise du site. Les Allemands ont préféré dépenser 50 millions d’euros (plan social, coût des grèves et transport de 700 000 t betteraves à 200 km de moyenne) plutôt que de nous laisser racheter le site. Ils ont détourné la loi. Cela confirme la volonté de Südzucker de démanteler Saint-Louis Sucre. »