SIA 2021 : la profession en quête d’un salon « bis »

Les syndicats ne se résolvent pas à l’annulation de l’édition 2021 du Salon international de l’agriculture (SIA) et veulent conserver cette « fenêtre de tir » pour mettre l’agriculture en avant. Des idées ?

Rappelez-vous, c’était le samedi 29 février 2020 : le Salon de l’agriculture fermait ses portes à 16 heures, un jour avant la fermeture prévue initialement, pour cause de coronavirus. Rétrospectivement, cette amputation sera la première d’une longue série qui n’en finit pas, et qui va largement déborder sur 2021. Après le Sima, c’est en effet le SIA qui est contraint de renoncer.

Si l’annonce ravit certaines associations antispécistes et/ou protectrices des animaux, elle a dans son ensemble ému le monde agricole, pas forcément en manque de distanciation sociale, pas mécontent de « monter » à Paris et de se frotter à la foule.

Un colloque et des marchés pour la FNSEA

Si la médiatisation à outrance induite par le salon est sujette à l’overdose, le sevrage imposé par la crise sanitaire n'en est pas moins brutal. « L’annulation est une vraie déception pour les agriculteurs, pour les responsables professionnels et pour les citadins, déclare Christiane Lambert, président de la FNSEA. La bonne nouvelle, c’est que Concours général agricole est maintenu. C’est très important pour la notoriété des producteurs, pour la valorisation des produits et pour le rayonnement de la gastronomie française. Mais il nous faut imaginer des rendez-vous pour compenser cette fenêtre de tir très intéressante en terme de communication et de lien entre les agriculteurs et la société ». Le Concours général est maintenu pour les produits et les vins. Il est à l’étude s’agissant des jeunes et des pratiques agroécologiques.

La FNSEA a lancé l’idée d’un colloque consacré à la souveraineté alimentaire, le jour où le salon aurait dû normalement ouvrir, c’est à dire le 27 février. « Ce serait l’occasion pour le Président de la République de redire son ambition pour l’agriculture, pour produire toutes les gammes, pour tous les moments de consommation, en France et à l’international », indique sa présidente, qui évoque aussi l’organisation de « quatre ou cinq marchés de producteurs dans Paris, pour garder le lien avec les consommateurs ».

Des portes ouvertes pour la Conf'

La Confédération paysanne se déclare moins affectée par l’annulation du salon. « Plutôt que le marketing et greenwashing omniprésents au Salon de l'Agriculture, quelle meilleure vitrine que le terrain et quel meilleur discours que nos pratiques », fait-elle savoir dans un communiqué.

Le syndicat prévoit d’organiser, avec l'aide de son réseau, des fermes ouvertes pour faire découvrir, au plus près du terrain, l'agriculture paysanne. « Nous montrerons aux familles et aux enfants notre vie avec les animaux d'élevage. Ce sera l'occasion d'expliquer concrètement l'intérêt de l'élevage paysan dans nos territoires. Nous accueillerons les élus sur nos fermes pour leur traditionnelle tournée au Salon de l'Agriculture. Nous ferons visiter nos fermes, déguster nos produits de qualité, nous illustrerons nos pratiques et exposerons notre travail quotidien, en tant qu'acteur engagé du pays ».

La Coordination rurale est de son côté en phase de réflexion. Le syndicat considère le salon comme une vitrine positive, mais qui élude certains sujets tels que le suicide ou les accords de libre-échange, ce qu’elle s’attache à combler avec des actions d’éclat. En attendant, du libre-échange, on en manque un peu par ces temps recroquevillés, pour ne pas dire confinés.