[Témoignage] Camille Planson, un modèle de transformation caprine

Agrial encourage les nouveaux éleveurs. Les journées Capriboost sont des opérations de communication qui mettent en avant le métier d’éleveur de chèvres en s’appuyant sur les portes ouvertes d’une exploitation.

C’était le message porté par Agrial lors de la journée Capriboost du 16 janvier à la ferme des Rives du lait à Saint-Fulgent. Une centaine de personnes, élèves, professionnels et curieux se sont déplacés chez Camille Planson pour découvrir son parcours et son exploitation. 

En 2021, Camille Planson commence son parcours à l’installation et rachète une exploitation de vaches laitières en mai 2022 avec pour projet de la transformer pour en faire une ferme caprine. Le projet s’est fait en deux temps, avec la réhabilitation du bâtiment hors sol en bâtiment chevrettes, puis la déconstruction du bâtiment des vaches laitières pour l’aménager en chèvrerie au cours de l’été 2022. 

« J’ai commencé la production en octobre 2022 avec l’arrivée de 283 chevrettes, en provenance de Chevrettes de France, âgées d’un mois. »  D’après les conseillers et les vétérinaires, c’est l’idéal. L’éleveur n’a pas à faire face aux problèmes de diarrhées des premiers jours, il est possible de trier les problèmes d’aplombs et le trio d’acteurs de conseillers alimentation, lait et vétérinaire, peut commencer le suivi à raison d’une fois par semaine de l’élevage. Camille s’est dirigée vers Chevrettes de France car elle a pour objectif la sélection. « Chevrettes de France, ce sont 7 000 chevrettes par an et pour se les procurer, il faut être dans un objectif de sélection. La génétique permet de garantir une production avec 3,6 litres de lait par chèvre provenant de Chevrettes de France. Ce sont 277 kg et un point de TP en plus pour l’élevage quand plus de 50% des chevrettes sont issues d’insémination, comparé à un élevage qui est seulement à 10% d’insémination. »

Un modèle de pépinière

Camille a pu bénéficier du modèle pépinière d’Agrial, c’est-à-dire que la première année, la coopérative est propriétaire des animaux. À la fin de cette année, les éleveurs achètent les chevrettes à leur valeur d’un mois à laquelle on ajoute la consommation d’aliment, frais vétérinaires... Ce modèle permet aux nouveaux éleveurs d’Agrial de ne pas avoir à acheter les animaux lors de la première année. « On propose ce modèle car on sait que les nouveaux éleveurs ont déjà beaucoup d’achats à effectuer rien qu’au niveau du foncier des bâtiments. Cela permet de les soulager, de ne pas contracter un nouveau prêt, et de rassurer les banques dès le début. »

L’objectif de Camille ? D’ici 2025, être en vitesse de croisière avec 310 chèvres et viser les mille litres de lait par chèvre et par an. Pour atteindre cet objectif, la jeune éleveuse a mis en place une conduite par lot avec quatre lots de mises-bas dont un lot de primipares et un lot de lactations longues. Il a donc fallu réfléchir au bâtiment vache laitière et comment l’optimiser pour un atelier caprin. « On a beaucoup réfléchi comment faire pour transformer le bâtiment pour les chèvres tout en facilitant les déplacements et le travail. La chèvrerie en bardage est composée de trois lots identiques de 72 places et un lot de 108 places pour une surface de couchage de 1,87 m2/chèvre. La salle de traite a aussi été repensée avec deux quais de vingt-quatre places chacun et une ligne basse. L’ancien bâtiment volaille a été transformé en nurserie et en élevage pour les chevrettes de renouvellement et l’ancienne nurserie des veaux est devenue le logement pour les boucs et l’engraissement des chevreaux. » C’est un investissement de 340 000 € au total. 

Simplifier la distribution

Côté alimentation, Camille a fait le choix de mettre en place une ration au pic composée de fourrages (enrubannage de luzerne, enrubannage et foin de ray grass) et de concentrés. La distribution des concentrés se fait en trois repas au cours de la journée. « C’est ce qu’on appelle une ration sèche, qui permet une simplification de la distribution. On a moins besoin de mécanisation, on peut le faire à la fin ou avec une dérouleuse comparée aux rations humides qui sont constituées avec de l’ensilage de maïs principalement. » Le second avantage de la ration sèche est qu’elle est plus sécurisante pour l’éleveur car elle représente moins de risque d’acidose puisque que l’alimentation est à base de cellulose. Les conseillers d’Agrial insistent sur l’importance de la SAU dans un projet d’installation car il faut que l’élevage soit le plus autonome possible en fourrage. 

Camille n’en est qu’au début de son parcours d’agricultrice et a encore des projets dans la tête. « Pour 2025, j’aimerai avoir un bâtiment de stockage avec du photovoltaïque et trouver un salarié voire un associé d’ici quelques années. »