[Témoignage] Robin, lauréat Nuffield France : quelle agriculture pour demain ?

Robin Euvrard est l’un de trois lauréats Nuffield France pour 2023. Il nous donne ses impressions de la première étape du programme, la Contemporary Scholars’ Conference (CSC), cette année organisée par Nuffield Canada à Vancouver.

En postulant à la bourse Nuffield France, j’avais surtout en tête l’étude que je voulais mener, le sujet sur lequel j’avais déjà passé beaucoup de temps à réfléchir. Je commençais déjà à imaginer les pays à visiter, les nouveaux contacts à créer, les découvertes à venir. Le réseau Nuffield nous fait commencer l’aventure par la Contemporary Scholars’ Conference (CSC), organisée cette année à Vancouver. L’occasion de rencontrer les 80 boursiers des différents pays du réseau. Un grand voyage avant même de commencer l’étude.

La semaine est ensuite rythmée par les conférences et les visites. De manière directe ou indirecte, toutes les interventions nous ont plongés dans les enjeux qui attendent l’agriculture pour demain.

Le premier enjeu majeur, répété en chœur par les différents intervenants, est net : l’agriculture doit faire face aux enjeux climatiques pour continuer à produire notre alimentation. Et dans ce contexte d’aléas, les sols ont un rôle central à jouer. La présentation d’Odette Ménard, agronome québécoise, a ainsi permis de repositionner l’enjeu de la vie et santé des sols et des organismes qui le composent, alimentés par ces flux de carbone apportés par les plantes. Un message nécessaire pour repenser les fondations de nos systèmes de cultures. Son système CRP (couverture des sols – rotation des cultures – porosité) est au cœur d’une approche redonnant toute sa lumière au sol. Stocker du carbone dans les sols et construire de l’humus sont autant de missions qui attendent l’agriculture pour demain.

Deux autres interventions m’ont surpris et intrigué. Toutes deux ont posé la question du « que mangerons-nous demain ? ». Ryan Golding, de la société Entomo Farms, nous a présenté son activité d’élevage d’insectes comme alternative source de production de protéines plus durable. Des questions techniques à celles de la valorisation, il nous a permis, à travers la présentation de son activité, d’approcher ces nouveaux horizons. Et de poser ainsi de nouvelles problématiques : demain, que seront nos régimes alimentaires ? Qui, de nos régimes alimentaires ou des systèmes agricoles devra-t-on faire évoluer ?

"Elle nous rappelle ainsi que l’acte de manger n’est pas qu’affaire de nutrition."

La présentation de Jess Bunchek, scientifique travaillant pour le Centre spatial Kennedy (NASA), contenait dans son intitulé même un sujet épineux. Elle nous a présenté ses travaux menés sur une base de recherche en Antarctique, où elle a étudié la mise en place de cultures vivrières en circuit fermé. Ce programme ambitieux vise à anticiper la production de futurs voyages spatiaux, en reproduisant les conditions d’une capsule spatiale. La culture de jeunes pousses, de quelques légumes feuilles et légumes à cycle rapide (tomate, radis, poivron…) est ainsi mise à l’épreuve et analysée, à travers des mesures de biomasse, d’analyses nutritionnelles, etc. Bien que la production artificielle soit éloignée de ma conception de l’alimentation, j’ai trouvé l’exercice fascinant car il questionne, là encore, nos régimes alimentaires. Dans l’une de ses conclusions, Jess Bunchek a mentionné un résultat inattendu : le plaisir de manger de la nourriture fraîche, de la sentir. Une connexion indispensable au « vivant » dans un environnement artificialisé à l’extrême. Elle nous rappelle ainsi que l’acte de manger n’est pas qu’affaire de nutrition.

Les candidatures pour les bourses de recherche et voyage de Nuffield France sont ouvertes !  Si vous êtes passionné.e.s d’agriculture durable et voulez faire une différence à nos systèmes alimentaires, postulez dès maintenant !
https://www.nuffieldfrance.fr/candidature/