Transitions : du conseil pur et dur plutôt qu’un pulvé flambant neuf

[Edito] Les Chambres d’agriculture réclament 60 millions d’euros par an pendant 5 ans pour faire franchir le mur des transitions à 150.000 exploitations. En tapant par exemple sur les plans d’aide à l’investissement et à répétition, qui profitent davantage aux « leaders » qu’aux « suiveurs ».

« Il ne faut plus seulement aller chercher les leaders comme on a l’a fait avec les aides à l’investissement, mais quelque part aller chercher tous les agriculteurs, tous ceux qui sont un peu plus suiveurs et leur offrir cette capacité à les accompagner, par un diagnostic global, par un plan d’actions et par un accompagnement à la mise en œuvre de ce plan d’actions ». Tel le message délivré par Sébastien Windsor, le président des Chambres d’agriculture lors des vœux à la presse le 10 janvier. A quelques jours près, la date coïncidait avec le 100ème anniversaire de la création des Chambres d’agriculture, le 3 janvier 1924. Ce message, le président des Chambres aimerait en faire en feuille de route du réseau pour les 5 à 10 ans à venir, s’ajoutant à ses (toujours plus) nombreuses autres prérogatives, telles que le guichet unique à l’installation intronisé par France Services Agriculture, le conseil stratégique phytosanitaire ou encore l’interface entre monde agricole et monde enseignant, pour n’en citer que les principales.

Du sur-amortissement Macron à la 3ème révolution agricole

Mais pour assurer cette mission consistant à faire franchir le mur des transitions au plus grand nombre, les Chambres réclament 60 millions d’euros par an pendant 5 ans pour financer le transfert de l’innovation. Un montant que le président des Chambres a comparé au budget alloué à l’agriculture par la Planification écologique, à savoir 1,3 milliard d’euros pour la seule année 2024. « Ce n’est pas un investissement dans le pulvé qui va régler le problème » a déclaré Sébastien Windsor, évoquant les enjeux d’adaptation au changement climatique, de décarbonation et de lutte contre l’érosion de la biodiversité. Il faut dire que l’agriculture est régulièrement perfusée aux plan d’aide à l’investissement, un marqueur de la présidence Macron, que l’ex-ministre de l’Économie avait inauguré en 2015 avec le mécanisme de sur-amortissement, auquel ont succédé plus récemment les plans France relance et France Nation verte, au nom de la 3ème révolution agricole et de la Planification écologique.

Le transfert de l’innovation, un angle mort

Le dernier guichet en date n’alloue pas moins de 100 millions d’euros aux maraichers et arboriculteurs, dans l’objectif reconquérir 5 à 10 points de souveraineté. « En 1924, la France était soumise aux tickets de rationnement », a pris soin de rappeler Sébastien Windsor. En 2024, l’insécurité alimentaire est toujours d’actualité, les périls climatiques et environnementaux s’ajoutant aux désordres géopolitiques. « Oui il faut faire de la recherche, oui il faut trouver des solutions mais il faut aussi emmener les solutions chez les agriculteurs et ne pas les laisser sur les étagères », a plaidé Sébastien Windsor, pointant le transfert de l’innovation comme étant l’angle mort du développement agricole, que les Chambres appellent à « réinventer », et dont elles sont prêtes à assumer le « lead » pour les 100 ans à venir. A suivre.