Un mois d’octobre sec et exceptionnellement ensoleillé

Le mois d’octobre 2021 a été globalement anticyclonique, sec, très ensoleillé mais avec des épisodes perturbés très marqués. Nicolas Le Friant, météorologiste chez DTN, revient sur les évènements marquants de ce mois, notamment les épisodes de fortes pluies et la tempête Aurore.

Comment se situe le mois d’octobre 2021 en termes de températures ?

Nicolas Le Friant : Ce mois d’octobre se termine avec un déficit global des températures de 0,5 degrés par rapport aux normales calculées sur la période 1991/2020. Ce sont surtout les valeurs minimales qui ont été basses pour la saison avec un déficit moyen de 1,5 degrés. Le début de matinée du dimanche 24 octobre a été le plus froid avec de très nombreuses gelées dans l’intérieur des terres. Les valeurs ont plongé jusqu’à -4°C à Romorantin, -3,2°C à Mourmelon Le Grand, -3,1°C à Montluçon, -2,8°C à Colmar, -2,6°C à Epinal, -1,2°C à Auxerre, -0,9°C à Strasbourg ou encore -0,8°C à Charleville-Mézières et -0,3°C à Reims.

Les valeurs maximales, quant à elles, ont été plus douces que la normale grâce notamment à un excellent ensoleillement, l’excédent est de 0,5 degrés. L’après-midi la plus chaude fut celle du mardi 19 octobre avec de fréquentes valeurs comprises entre 20°C et 25°C, y compris sur la moitié nord, et il a fait même plus de 30°C sur le sud de l’Aquitaine (30,8°C à Hossegor, 30,3°C à Aicirits et 30°C à Cambo-les-Bains).

A noter que, si nous regardons la moyenne des températures calculée depuis le début de l’année, nous constatons que sommes tout à fait dans les normales, ce qui est atypique avec les années précédentes où il y faisait nettement plus chaud !

Et du côté de l’ensoleillement et des précipitations ?

Nicolas Le Friant : L’ensoleillement fut exceptionnel grâce à la récurrence de conditions anticycloniques. L’ensemble de nos régions est en excédent d'ensoleillement et plus particulièrement de la côte Atlantique au Centre et à la Bourgogne où les excédents atteignent régulièrement 60 à 80%. En revanche, sur le nord du Finistère, les Ardennes, le nord de la Lorraine ou encore sur le Roussillon et de la Paca à la Corse, cet excédent est moins important avec une moyenne de 20 à 40% tout de même. Résultat, ce mois d’octobre 2021 se classe parmi les mois les plus ensoleillés.

Concernant les précipitations, à dominante anticyclonique, ce mois d’octobre se termine par un déficit moyen des précipitations de l’ordre de 30% à l’échelle du pays. Leur répartition est très hétérogène est elles sont principalement tombées lors de trois épisodes pluvieux remarquables, voire même exceptionnels sur certaines régions comme la Loire-Atlantique et les Bouches-du-Rhône.

Quels ont été ces trois épisodes pluvieux ?

Nicolas Le Friant : Le premier fut celui des 2 et 3 octobre sur les Pays de la Loire, le sud-est de la Bretagne et jusqu’à l’ouest de l’Île-de-France où il est tombé de 30 à 60 mm en 24 heures soit l’équivalent d’un mois de précipitations et même plus de 80 mm sur les Pays de la Loire. Mais c’est la Loire-Atlantique qui a été la plus impactée. En effet, Il est tombé 96,7 mm à la station de Nantes-Bouguenais et 102,3 mm à la station de Nantes-ville. La responsable a été une perturbation très active qui a ondulé sur un même axe durant de très longues heures.

Cette zone perturbée a également été responsable de l’épisode cévenol très remarquable, mais non exceptionnel, du 3 octobre où nous avons relevé des cumuls pluviométriques de l’ordre de 450 mm à Villefort, 347 mm à Balmelles, 341 mm à Sablières, 316 mm à Loubaresse ou encore 273 mm à Barnas.

Enfin, le troisième épisode pluvieux notable fut celui du 4 octobre avec la progression du même système perturbé vers la Provence. Résultat, des lignes d’orages stationnaires ont apporté des cumuls pluviométriques conséquents sur les Bouches-du-Rhône, soit l’équivalent de deux mois et demi de pluies. Nous avons notamment relevé 173 mm à Marseille, 160 mm à Cassis et 157 mm à Mimet. Conséquence directe, les Bouches-du-Rhône ont été en vigilance rouge, ce qui est une première pour ce département depuis le début de la vigilance lancée en 2001.

Quel a été le bilan de la tempête Aurore ?

Nicolas Le Friant : La longue séquence anticyclonique a brutalement pris fin dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 octobre avec le passage de la tempête Aurore, la première de l'automne météorologique.

Cette tempête a débuté le mercredi 20 au soir sur la pointe bretonne, puis le petit minimum dépressionnaire s'est structuré en Manche, avant de filer rapidement jeudi matin en direction du Bénélux. Aurore a généré un bref mais très violent coup de vent, avec des rafales tempétueuses durant 3 à 4 heures lors de son passage. Facteur aggravant, ces violentes bourrasques sont intervenues tôt dans la saison, sur des arbres encore en feuilles, et offrant plus de prise, d’où les très nombreuses chutes d’arbres et les coupures d’électricité.

La situation a été notamment remarquable en Seine-Maritime, avec des rafales exceptionnelles qui auraient sans aucun doute nécessité la vigilance rouge si l'épisode avait été anticipé correctement par les modèles météorologiques, ce qui n'était une nouvelle fois pas le cas (la météo est donc loin d’être une science exacte).

Nous avons relevé jusqu'à 175 km/h à Fécamp et surtout 150 km/h au Havre (Octeville-sur-Mer). Il s'agit du record absolu de la station, installée toutefois seulement en 1994, battant les 135 km/h du 12/01/2017. Ailleurs, ce sont souvent des records mensuels pour un mois d'octobre qui ont été améliorés. Au niveau des rafales maximales, nous avons relevé sur le relief jusqu'à 170 km/h au Markstein (1184 m) ou 144 km/h au ballon de Servance (1213 m). En bord de mer, outre les valeurs de Seine-Maritime, nous avons atteint 143 km/h à Granville, 139 km/h à la pointe Saint-Mathieu, 137 km/h à Carteret et à la pointe de Chemoulin, 134 km/h à l'île de Groix et 133 km/h à la pointe du Raz.

Enfin, en rentrant dans les terres, les rafales sont restées tempétueuses de l'Ile-de-France aux Ardennes. Nous avons mesuré 153 km/h au sommet de la Tour Eiffel, 127 km/h à Villette, 122 km/h à Rouen, 120 km/h à Villacoublay et Scillé, 114 km/h à Nancy et Châlons-en-Champagne, 111 km/h à Melun, 109 km/h à Paris, 108 km/h à Troyes et Metz, ou encore 107 km/h à Reims et Lyon.