Un Noël qui sent le sapin (artificiel)

[Edito] A chaque confinement ses victimes collatérales. Celui du printemps dernier avait notamment porté atteinte aux producteurs d’asperges et de fraises, privés d’une partie de leur main d’œuvre, et plus encore au secteur de l’horticulture, avec la fermeture des points de vente. Le confinement d’automne inquiète cette fois les producteurs de sapins de Noël, tandis qu’un autre virus, celui de l’influenza aviaire, menace les éleveurs de volailles festives et les producteurs de foie gras.

Les producteurs français seront-ils en mesure de proposer des sapins naturels pour les fêtes de fin d’année ? La question taraude l’Association française du sapin de Noël naturel (AFSNN), qui s’inquiète du protocole sanitaire, limitant le commerce aux produits et services essentiels. Toute la question est de savoir si le sapin de Noël intègrera cette catégorie qui assurerait son salut. Un débat très épineux compte tenu de la charge culturelle et cultuelle entourant l’objet, et dont on restera religieusement à l’écart.

A l’occasion de la Toussaint, quelques jours après l’entrée en vigueur du confinement, les fleuristes avaient obtenu une dérogation. Il y a donc tout lieu d’être optimiste s’agissant des sapins mais les 132 producteurs concernés, répartis sur 52 départements, aimeraient en avoir l’assurance rapidement.

Ils pourraient ainsi entamer sereinement les coupes, qui démarrent à partir du 15 novembre, et accessoirement recruter les 5.000 saisonniers requis pour arracher et conditionner les 5,8 millions d’unités (78% de Nordmann et 18% d’épicéa). En France, deux foyers sur dix achètent un sapin naturel, un marché approvisionné à 80% par les producteurs français.

Le sapin, un arbre pas tout à fait mort

Les pouvoirs publics seraient d’autant plus enclins à accéder à la requête des producteurs que les ventes s’opèrent le plus souvent à l’extérieur alors que celles des sapins artificiels (16% du marché) se réalisent en rayon, plus problématique au plan sanitaire. Ce serait aussi dommage pour le bilan carbone : selon l’AFSNN, un sapin naturel émet en moyenne 3,1 kg de CO2 lors de son cycle de vie contre 8,1 kg pour le sapin artificiel. Le sapin de Noël a même son label Rouge.

En outre, un sapin coupé s’accompagne de la replantation d’un autre sapin. Et près d’un sur dix est acheté en motte, ouvrant la porte à une seconde vie. Il y a quelques mois, le sapin avait subi l’anathème de quelques maires écologistes, renonçant à en planter dans le bitume à l’occasion des fêtes de fin d’année, au motif que les spécimens étaient des arbres morts.

Coronavirus et influenza aviaire

La deuxième vague de coronavirus inquiète d’autres filières telles que la conchyliculture et la brasserie, qui devront faire l’impasse sur les débouchés offerts par les marchés de Noël. Un autre virus, l’influenza aviaire, responsable de la grippe aviaire, menace quant à lui la filière des volailles festives et canards gras. Des souches hautement pathogènes ont été détectées dans plusieurs pays nord-européens, constituant une menace sous l’effet des vols migratoires de l’avifaune.

La France est à ce jour indemne d’influenza aviaire et les autorités rappellent que la consommation de viande, de foie gras et d’œufs ne présente aucun risque sanitaire pour l’homme. Mais le péril économique est très important pour la filière, encore marquée par les épizooties de 2016 et 2017, dont elle a beaucoup appris. Des outils d’alerte ainsi que des mesures de biosécurité ont été instaurées, à commencer par la claustration, autrement dit le confinement. Sans les guirlandes, mais pas sans les boules.