Un parcours de reconversion clé en main en agriculture : pourquoi pas vous ?

Pour maximiser les chances de renouveler les générations, la chambre d’agriculture du Cantal a imaginé un programme inédit à destination d’un public en reconversion.

C’est tout le paradoxe : l’offre est bien là, la demande aussi, mais les caractéristiques de l’une peinent à répondre aux besoins de la seconde. Et cette inadéquation va croissant dans un département qui, pour assurer le renouvellement de ses chefs d’exploitation, va devoir remplacer dans les années qui viennent 40 % des agriculteurs en passe d’atteindre l’âge de la retraite.

Si le Cantal demeure l’un des leaders nationaux en termes d’installations (180 installations/an dont 100 avec DJA(1)), l’équation s’annonce ardue : certes, la relève parmi les fils et filles d’agriculteurs est au rendez-vous mais insuffisante en nombre ; surtout, les offres d’association sur des structures existantes - en remplacement ou non d’un associé en fin de carrière - restent le plus souvent orphelines de candidats au Répertoire départemental à l’installation, RDI que gère la Chambre d’agriculture.

Quand ça ne “matche pas”

“Les porteurs de projet, qu’ils soient ou non issus du milieu agricole d’ailleurs, ont pour la plupart un projet abouti qu’ils ne sont pas forcément prêts à reconsidérer pour être en phase avec les propositions d’associations existantes ou celles de cédants," expose Benoît Julhes, éleveur à Badailhac et élu à la Chambre d’agriculture.

"Même chose pour les porteurs de projet hors-cadre familial et/ou extérieurs au département, pas toujours en phase avec le potentiel de productions que peut leur offrir le département.”
Alors, plutôt que d’essayer de faire rentrer des ronds dans des carrés, la compagnie consulaire et ses partenaires, les Jeunes agriculteurs et l’incubateur Landestini, ont décidé de se tourner vers un public nouveau, non pas de porteurs de projets, mais de  “porteurs d’idées”.

Des hommes et des femmes en reconversion professionnelle dans le cadre d’un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) successif à un licenciement économique et qui, dans l’ère après-Covid, seraient enclins à répondre à l’appel du grand air, de la nature... et de l’agriculture. “L’idée, c’est de leur proposer un parcours clé en main vers le métier d’agriculteur, un parcours sécurisé et sécurisant qui ne les oblige pas à révolutionner tout du jour au lendemain ni à embarquer leur famille dans l’aventure sans avoir la certitude de vouloir faire ce métier que beaucoup idéalisent ou, a contrario, qui peut leur sembler inaccessible”, explique Benoît Julhes.

Immersion au sein de “fermes accueillantes”

Ce parcours innovant doit permettre à ce public “d’oser l’agriculture”, d’appréhender la réalité et le potentiel du territoire avant de co-construire avec les acteurs de ce même territoire un projet d’installation prioritairement en association, en reprenant des parts d’un Gaec. “Autant viser l’option la plus difficile à couvrir et se donner les moyens de travailler dessus”, souligne le responsable professionnel.

Si cette première phase confirme une vocation agricole potentielle, l’étape qui suit (3 à 4 mois) se distingue par une immersion avec deux stages au sein d’un réseau de “fermes accueillantes”. Objectif : approfondir sa connaissance du métier, avoir une vision plus précise de l’activité souhaitée et débuter des rencontres avec des agriculteurs proposant une reprise ou une possibilité d’association.
Parallèlement, les candidats sont accompagnés individuellement et collectivement sur ce qui, à ce stade, n’est plus une idée mais bien un projet économique et de vie. Le dispositif comprend aussi une étape optionnelle, le suivi d’une formation diplômante (BPREA).
Le programme sera présenté ce lundi 27 février au Salon de l’agriculture, une caisse de résonance incomparable pour toucher un public urbain francilien en quête de sens. L’occasion pour ses instigateurs de “donner un grand coup de boost” au dispositif qui a déjà fait l’objet d’une quinzaine de webinaires à destination des responsables RH de grandes entreprises, de cabinets spécialisés dans le out-placement (accompagnement des salariés en PSE)... 

Plusieurs centaines de ces interlocuteurs ont été destinataires d’une plaquette de présentation, suscitant un réel intérêt chez certains.
Reste à lever quelques freins en termes de statut des candidats à la reconversion durant ce parcours inédit mais aussi en termes de financement. “L’idéal serait de débuter avec un premier groupe d’une dizaine de personnes sachant que la fondation du Crédit agricole a accepté de nous accompagner financièrement pour ce démarrage”, salue Benoît Julhes.

(1) Dotation jeune agriculteur.