Un plat de lentilles en guise de récolte 2021

L'excès de pluies estivales a entrainé une chute généralisée des rendements de lentille, doublée d’une dégradation de la qualité. Le pois chiche limite les dégâts. Dans le cadre de Cap protéines, la filière soutient des espèces plébiscitées par les consommateurs.

8 q/ha en moyenne dans l’Aube, la Marne et l’Yonne contre 27,3 q/ha en 2021, 6 q/ha en Centre-Val de Loire contre 15 q/ha en 2020), 3 q/ha dans le Sud-Ouest contre 8,6 q/ha en 2020), 4 q/ha en Haute-Loire contre 5,6 q/ha en 2020) et 6,5 q/ha en Nouvelle-Aquitaine contre 18,6 q/ha en 2020 : tel est le bilan de la récolte 2021 dressé par Terres Univia, l’interprofession des huiles et protéines végétales, et Terres Inovia, l’institut technique de la filière. Alors que le rendement moyen de 2020 s’était établi à 8 q/ha, il devrait être divisé au moins par deux en 2021, sous l’effet des pluies estivales aux impacts multiples : développement d’adventices, relance de la floraison, verses compliquant les récoltes, taux important de graines au sol, graines germées à hauteur de 40 % dans certaines zones. La qualité est à l’avenant, avec des petits calibres, des graines moisies, fripées, cassées, ou présentant des défauts de couleur.

En ce qui concerne le pois chiche, le bilan de récolte affiche des rendements corrects au vu des conditions climatiques de l’année : 17q/ha net dans le Sud-Ouest (contre 23 q/ha en moyenne sur les trois dernières années), 20 q/ha net dans le Sud-Est (contre 19 q/ha) et 10 q/ha dans les autres secteurs de production (contre 16 q/ha). Terres Inovia anticipe une hausse des surfaces pour 2022, après la stabilité enregistrée en 2021 (23.500 ha).

Les industriels inquiets

Début octobre, la Fédération nationale des légumes secs (FNLS) avait alerté du risque de pénurie induit par la faiblesse des rendements de lentilles. Tout en partageant avec l’Espagne une position de premier producteur européen, la France ne couvre ses besoins qu’à hauteur de 20%, alors que la consommation est pleine dynamique, avec un taux de croissance de 20% depuis 2017, selon la FNLS, qui invite les producteurs français à semer des lentilles pour la prochaine campagne. « Seul l’engagement des producteurs évitera des importations massives et une dépendance alimentaire », écrit la fédération dans un communiqué, qui met en avant les vertus de la contractualisation, garantissant l’achat et le prix.

Avec une sole comprise 30.000 et 35.000 ha, la France produit en année « normale » environ 35.000 tonnes de lentilles, une gousse en comparaison des grands producteurs mondiaux que sont le Canada (2,7 millions de tonnes) et l’Inde (1 million de tonnes).

En attendant les effets de Cap protéines

La lentille comme le pois chiche devraient profiter, à moyen terme, des efforts de recherche consentis dans le cadre de Cap protéines, émanation du Plan de relance et du Plan protéines, lancé au printemps dernier.

Des observatoires d’une dizaine de parcelles, menés par Terres Inovia en partenariat avec les Chambres d’agriculture, ont été mis en place dans cinq régions afin de renforcer l’acquisition des connaissances pour conduire des cultures de pois chiche et de lentille robustes.

L’année 2021 a aussi été marquée par la création du premier réseau multipartenarial d’évaluation des variétés. C’est ainsi que 8 variétés de lentille de tous types (blonde, corail, noire, et verte) sont testées sur 13 essais et 11 variétés de pois chiche dans 15 essais.

Par ailleurs, un outil d’aide à la décision pour insérer les légumineuses dans les systèmes de culture, en prenant en compte leur intérêt économique et les bénéfices qu’elles apportent en fonction de la région, est en cours de conception.