Cap Protéines, une formidable boite à outils à valeur d’exemple

[Edito] En l’espace de deux ans, le programme Cap Protéines a fourni pléthore de ressources pratiques et protéiformes pour gagner en autonomie et en performance. Reste aux éleveurs à s’en emparer. On rêve de pareil couteau suisse pour appréhender les impacts environnementaux de l'agriculture, pour adapter celle-ci au changement climatique ou encore pour capter de nouveaux actifs agricoles et installer des jeunes.

Une carte de France de 385 fermes d’élevage de ruminants au sein desquelles les éleveurs ont atteint un très haut degré d’autonomie protéique, 11 guides techniques thématiques, 5 outils numériques d’aide à la décision, 25 comptes-rendus d’essai, soit plus de 400 ressources accessibles en un clic via de multiples clés d’entrée (espèces animales, légumineuses fourragères, pâturage et parcours, protéagineux et tourteaux etc.) : tel est le trésor du volet élevage de Cap Protéines piloté par Terres Inovia et l’Institut de l’élevage et porté par plus de 200 partenaires techniques. Presque dix ans après l’adoption du premier Plan Protéines, voilà les éleveurs de ruminants armés pour cheminer vers la multi-performance économique et environnementale. On n’oublie pas les éleveurs de monogastriques, encore plus dépendants du soja importé, et qui ont tout à gagner de la relocalisation des oléoprotéagineux, autre volet de Cap Protéines.

La satisfecit du Haut conseil pour le climat

Les protéines végétales sont à la croisée des enjeux de souveraineté alimentaire (2,9 Mt de tourteaux et 0,7 Mt de graines de soja importés en moyenne chaque année), de décarbonation (territoriale et importée), de déforestation, de sobriété en eau, en produits phytosanitaires et bien entendu en engrais minéraux azotés (fixation de l’azote de l’air par les légumineuses). On pourrait y adjoindre la transition alimentaire en considérant les légumineuses à gaine comestibles (lentille, fève, haricot, pois, pois chiche, soja, féverole), elles aussi intégrées dans Cap Protéines.

Il faut saluer ici le co-engagement des pouvoirs publics et des organisations professionnelles. Les premiers ont donné le cap à travers le PSN, le Plan stratégique national (progressivité des aides couplées, programme opérationnel) puis France 2030, qui a financé Cap Protéines à hauteur de 27% tandis que Terres Univia a financé le solde et mobilisé tous les réseaux techniques, aux premiers rangs desquels l’Institut de l’élevage et Terres Inovia. Dans son rapport annuel publié le 28 juin, le Haut conseil pour le climat, peu enclin à la complaisance, a salué la hausse des surfaces en protéagineux, regrettant tout de même que le PSN ménage la possibilité de labourer 10% des prairies permanentes. « Un hectare de prairie fournit autant de protéines qu’un hectare de soja », rappelle opportunément l’Institut de l’élevage.

En attendant d’autres boites à outils

Le pari de la reconquête protéique n’est pas encore gagné. Au cours de son Assemblée générale du 28 juin, Terres Univia a pointé trois défis à relever pour les années à venir, à savoir, la fragilité des filières légumineuses (investissements conjoints filière-Etat en recherche, innovation de l’amont à l’aval, structuration), la vulnérabilité des débouchés non-alimentaires des oléagineux (complémentaires aux débouchés alimentaires traditionnels) et les risques de perte de cohérence entre les différentes politiques (moyens de production, souveraineté, trajectoire de décarbonation...). Une chose est sûre : les éleveurs disposent avec Cap Protéines d’une boîte à outils à utiliser sans modération et jusqu’à satiété. On rêve de pareil couteau suisse pour appréhender les impacts environnementaux des nitrates, de l’ammoniac, des pesticides, pour adapter l’agriculture au changement climatique ou encore pour capter de nouveaux actifs agricoles et installer des jeunes. Mais peut-être en germera-t-il du Pacte et de la loi d’orientation agricole et de la Planification écologique.