Un Sabot de bronze pour les blanches

Le Gaec de Cabannes à Carlat a été distingué pour ses performances zootechniques en 2022 avec des velles élevées en estive qui affichent des croissances semblables à la moyenne tricolore.

Avec 270 kilos de poids âge type à 210 jours, les velles charolaise du Gaec de Cabannes sont pile-poil au niveau de la moyenne nationale de la race, avec une différence de taille : les jeunes blanches de Marc Gardes, associé à son épouse Hélène(1) et sa mère Sylvie, poussent sur l’estive de Pradiers du Gaec à plus de 1 200 m d’altitude, nourries exclusivement à l’herbe, quand “le gros de la référence nationale est issu d’élevages charolais de plaine”, souligne Guillaume Lousteau, directeur de Conseil bovin viande Cantal (CBV) qui accompagnait jusqu’à peu l’élevage de Carlat et qui vient de passer la main à Tamara Benoit. Les veaux affichent eux près de 310 kg à 210 jours, soit pas loin de dix kilos supplémentaires par rapport à la moyenne raciale. Ces performances ont valu à la famille Gardes de décrocher un Sabot de bronze pour l’année 2022(2) en race charolaise, trophée départemental qui récompense le travail conjoint du tandem éleveur-conseiller bovin viande

Des femelles performantes, non complémentées

“En productivité, le Gaec est également plutôt bon avec un vêlage par vache et par an en moyenne ; en 2022, l’IVV (intervalle entre deux vêlages) et la mortalité sont corrects. Le point fort de l’élevage, c’est sa conduite globale qui donne de bonnes performances d’ensemble avec un système plutôt économe. Avec 270 kg en moyenne de PAT 210 j, même la plus “mauvaise” des velles d’ici, bon nombre d’éleveurs s’en satisferaient”, complète le responsable de CBV Cantal auquel l’élevage de Cabannes fait appel depuis 2013 en sollicitant le plus haut niveau de prestation (“Valo”) : compte-rendu de pesées (l’éleveur a fait le choix de peser lui-même ses animaux), pointage, appui dans le choix des génisses de renouvellement, des taureaux destinés à la reproduction et des vaches de réforme, formulation de la ration.
Ce mardi 19 septembre, Tamara Benoit et Guillaume Lousteau sont d’ailleurs sur site pour trier les femelles qui seront vendues à dix mois comme futures reproductrices. “Je m’en sers comme d’un regard et d’un point de vue extérieurs, les conseillers ne tiennent compte ni de l’aspect sentimental ni de l’ascendance des animaux. Ils font un premier tri que j’affine ensuite”, apprécie Marc Gardes, dont l’élevage est par ailleurs inscrit depuis dix ans au HBC (Herd-book charolais).
Et dans la cour de ferme, le tri se fait sereinement, grâce à la docilité des génisses : les éleveurs dressent en effet toutes les femelles (hormis la dizaine qui partent broutardes à l’export), ainsi que la quinzaine de mâles destinés à la reproduction. Soit près de 75 animaux chaque année... Ces bovins sont tout sauf farouches, un critère apprécié des clients fidèles de l’élevage. Preuve pour Guillaume Lousteau de l’efficacité de la génétique des femelles hors effet milieu.

De la génétique pour “toute la gamme de veaux”


Ce que le conseiller met aussi en exergue, c’est un travail de sélection avec plusieurs taureaux permettant d’avoir “toute la gamme de veaux” : des “bêtes grandes qui vont faire de bons broutards, d’autres qui apportent plus de mixité et des animaux plus lourds”. Et ce à moindre coût : “Ici, les mâles ne sont pas gavés(3), et les vaches ne sont pas complémentées : on fait la ration avec les stocks fourragers (foin et ensilage d’herbe, ndlr) et, si nécessaire, on complète. C’est arrivé une seule fois, l’hiver 2021-2022, en raison de fourrages trop pauvres en protéines”, explique Guillaume Lousteau. Autre avantage d’une alimentation 100 % herbagère que relève Marc Gardes : “Ça permet de trier les femelles en fonction de leurs qualités laitières.”
Ce dernier s’est aussi lancé dans les concours il y a dix ans, avant tout pour faire connaître l’élevage et ses produits, avec plusieurs rendez-vous dans le calendrier annuel : le Régional Sud Massif central, le tout jeune Départemental, le concours de Moulins... Et un autre, cette fois avec la casquette de président du syndicat charolais du Cantal : les portes ouvertes des 13 et 14 octobre auxquelles sept adhérents participeront.

(1) Cette dernière a rejoint le Gaec en janvier dernier, en même temps que son beau-père a pris sa retraite.
(2) Contrairement à ce qui était indiqué par erreur dans notre édition du 16 septembre.
(3) 6 kg/j d’aliment pour les broutards ; 4 à 5 kg au départ pour les reproducteurs, une quantité abaissée ensuite.