Une ferme maraîchère économiquement viable sur 2500m2

En combinant intensification des cultures, réduction des charges et valorisation des légumes auprès des restaurateurs, Jean-Michel Le Guen a instauré un système économique viable sur son exploitation de 2500 m2.

La micro-ferme des Anges se situe à quelques kilomètres de l’agglomération nantaise. La particularité de cette exploitation, située sur la commune d’Orvault, réside dans sa taille et son mode de culture. Jean Michel Le Guen y produit des légumes depuis 2018 selon les principes du maraîchage bio-intensif sur 2500 m2. « Je travaille 35h par semaine et je me dégage un revenu que j’estime entre 1500 et 1700€ par mois » assure-t-il. Face à la demande grandissante pour ses légumes, il devrait doubler la surface de culture l’an prochain.

Produire plus sur une petite surface

Le principe du maraîchage bio intensif consiste à intensifier la production sur des planches de culture de 75 cm. « Par bio intensif, il faut comprendre biologiquement intensif » précise le producteur. Cette méthode de culture a été définie par le canadien Jean-Martin Fortier. C’est en 2010 en Gironde, alors que ce paysagiste de formation cultive avec une associée 1,5 ha de légumes en système bio classique que Jean-Michel Le Guen découvre cette approche novatrice. Lorsqu'il cultivait simplement en bio, il travaillait « 7 jours sur 7, avec des journées allant jusqu’à 13h, c'était un métier de fou » se souvient-il. Le passage en bio intensif lui a permis de réduire la surface à 8000 m2 tout en doublant la production !

Une densité de culture inégalée

Sur son exploitation nantaise actuelle, Jean-Michel Le Guen, applique 3 ou 4 cultures par an sur chaque planche. Sur sa surface de 2500 m2, les légumes occupent chaque espace disponible. « Sur les planches coincées entre deux serres, je mets des plantes qui occupent un espace important, comme les courgettes, mais je ne m’embête pas avec des petites cultures » détaille-t-il. Sur les planches, il réduit également les écartements au minimum. « Je mets 7 rangs de poireau par planche, là où Jean-Martin Fortier en met 3. Il veut venir prochainement sur la ferme pour observer ma méthode » s’amuse le nantais.

Sur son terrain en pente, Jean-Michel Le Guen valorise toute la surface. © TD

Des légumes vendus à l’unité

Si Jean-Michel Le Guen arrive à se dégager un revenu sur cette surface réduite, c’est grâce à l’intensification de la production mais aussi au mode de commercialisation. Les légumes de la micro-ferme des anges sont vendus à l’unité auprès de restaurateurs étoilés à Nantes, sur la Côte d’Azur et à Paris. Le maraîcher leur propose des goûts et des formes hors du commun en jouant notamment sur l’irrigation des cultures. « Je vends des haricots verts qui mesurent 3 à 4 cm. Ce sont des variétés classiques, que je récolte précocement. Je mets 2h30 pour récolter 1kg » rapporte-t-il. Il vend également de courges, courgettes, carottes, chou rave ou encore salades miniatures, mais aussi des légumes méconnus à l’image d’une salade italienne dont les feuilles formes des doigts qui peuvent être fourrées ou encore du pois chiche frais. « Je me mets comme défi de trouver un ou deux légumes innovants chaque année » souligne le maraîcher.

Le producteur nantais propose des micro-haricot vert aux restaurateurs. © Instagram microfermedesanges

Des charges très faibles

La surface de culture réduite de Jean-Michel le Guen lui permet de minimiser ses charges. « Je n’ai pas de tracteur. Mes seuls outils motorisés sont une brouette et un micro-culteur pour la préparation de sol avant le semis de carotte et des jeunes pousses » assure-t-il. Les charges les plus importantes sont les semences et les amendements. « J’applique 2 à 3 cm de compost très propre sur les couverts végétaux broyés chaque année sur mes planches, puis j’apporte du fumier déshydraté et je bâche pour optimiser la vie du sol » liste-t-il.

Un relationnel avec les restaurateurs très importants

Pour Jean-Michel Le Guen, la relation avec les chefs cuisiniers est primordiale, « car ce sont eux qui mettent les producteurs en avant ». À l’inverse, il affirme avoir déjà stoppé des collaborations avec des restaurants qui ne jouaient pas le jeu et achetaient ses légumes uniquement pour faire des photos puis se fournissaient ailleurs.