Viande de boeuf label rouge : où en sommes-nous en Aura

Confrontée à une vraie réflexion de fond sur la consommation de viande rouge, la filière viande de bœuf se trouve aujourd’hui à un tournant. Très mobilisée, Interbev espère porter l’offre de viande de bœuf label rouge à 40 % d’ici 2025 pour reconquérir les consommateurs.

Consommation de viande en berne, doutes sur la traçabilité, la santé, le bien-être animal ou l’impact sur la biodiversité… les questionnements autour de la viande de bœuf sont nombreux. D’après les estimations de l’interprofession de la filière bétail et viandes, Interbev, si rien n’était fait, celle-ci pourrait perdre 40 % de ses éleveurs d’ici 2030. Pour inverser la tendance, la filière a donc décidé de miser sur un indicateur de confiance bien connu des Français : le label rouge. « Dans l’esprit collectif, il garantit à la fois une qualité gustative et une démarche de qualité. D’après les enquêtes d’opinion, 99 % des consommateurs français le connaissent et 95 % l’apprécient », explique Baptiste Bichonnier, chargé de mission chez Interbev Auvergne-Rhône-Alpes.

L’objectif défini en 2020 par Interbev se veut ambitieux : augmenter l’offre de viande bovine label rouge pour la porter à 40 % d’ici 2025. « En 2019, la part de viande de bœuf labellisée label rouge en France était de 3 %. Le potentiel est là avec 15 000 exploitations françaises qui sont déjà qualifiées pour produire du label rouge, dont 2 700 en Auvergne-Rhône-Alpes ce qui représente un potentiel de 156 000 bovins labellisables dans notre région. En France entre 2019 et 2020, l'offre de viande de boeuf label rouge a augmenté de 15 % en volume et de 10 à 12 % en nombre de points de vente », détaille Baptiste Bichonnier.

Un nouveau cahier des charges

Pour combler ce manque de débouchés, l’interprofession a choisi d’actionner quatre leviers. Le premier d’entre eux est le nouveau cahier des charges, dans lequel ont été intégrées des considérations sociétales plus élevées. « Il s’agit d’un socle commun renforcé qui vise à mieux respecter les cycles naturels et la maturation de la viande, à fournir une alimentation exclusivement végétale aux animaux, garantir une autonomie alimentaire d’au moins 80 % pour leur alimentation sans OGM ni huile de palme, mais aussi à mieux prendre en charge la douleur animale et à cesser tout traitement antibiotique quatre mois avant la fin de l’élevage », précise Baptiste Bichonnier.

Autre levier : la contractualisation obligatoire en viande de bœuf label rouge pour sécuriser l’approvisionnement de l’acheteur et garantir à l’éleveur une juste rémunération. Cette stratégie de montée en gamme label rouge passera aussi par un meilleur accompagnement des points de vente et de restauration hors domicile grâce à une équipe d’ambassadeurs qui feront le lien entre éleveurs, fournisseurs et acheteurs. Enfin, une campagne de communication est menée auprès des consommateurs. « Les Français doivent prendre conscience que pour manger de la viande de qualité, il faut y mettre le prix. On parle de 40 à 70 centimes le kilo sur une carcasse, la marche n’est pas si haute à franchir ! »

Pierre Garcia