ZNT : prévenir les riverains en trois clics avec l’appli Phyto’Alerte

L’arrêté du 25 janvier 2022 a partiellement redéfini le sort des Zones de non traitement (ZNT), en étendant aux personnes travaillant régulièrement à proximité des zones traitées, le respect des distances de sécurité s’appliquant jusqu’ici aux riverains. Ces distances sont de 10 m ou 5 m selon les cultures et les produits appliqués, éventuellement réductibles à 5 m et 3 m moyennant l’adoption de dispositifs anti-dérive officiellement listés. Le même arrêté a par ailleurs imposé d’informer, en amont des traitements, les résidents et travailleurs présents à proximité des zones d’épandage. Cette obligation est du ressort des chartes départementales d’engagement, lesquelles devront être opérationnelles d’ici au 26 juillet prochain. Problème : comment signaler à des personnes impossibles à identifier le déclenchement d’un traitement au déterminisme très circonstanciel tels que fenêtre météo ou franchissement de seuil parasitaire ?

L’AOP Pomme du Limousin pionnière

La solution, l’entreprise corrézienne ARinsight l’a trouvée avec une application mobile testée avec succès depuis deux ans au sein de l’AOP Pomme du Limousin. Au cours de la première campagne test, en 2020, l’application a enregistré le signalement de 4635 parcelles traitées. Le nombre a doublé en 2021, pour s’établir à près de 11 000. « Le nombre de producteurs de l’AOP Pomme du Limousin ayant recours à Phyto'Alerte devrait continuer à monter car les responsables de la filière professionnelle incitent les producteurs à y recourir, déclare Fabrice Micouraud, consultant pour ARinsight. En effet, chacun peut mesurer aujourd'hui l'intérêt de cette application dans un secteur où les relations étaient particulièrement tendues et parfois proches du fait divers. Le recours à cette solution a permis sans conteste de ramener une certaine concorde dans les relations entre les arboriculteurs et les riverains ».

Confidentialité et anonymat

Le respect des règles de confidentialité et d'anonymat n’est pas le dernier intérêt de l’application, tant du côté des agriculteurs que des riverains ou randonneurs. « Aucune donnée n'est conservée et les statistiques d'utilisation ne sont pas accessibles, sauf au client avec mention dans le cahier des charges, précise Fabrice Micouraud. Aucune inscription avec communication d'une adresse mail n'est nécessaire pour les riverains et randonneurs téléchargeant gratuitement et anonymement l'application ». Phyto’alerte renvoie ainsi les SMS et autres panneaux en bord de champ à la Préhistoire, avec une efficience et une audience potentiellement surpuissantes. A deux réserves près toutefois : qu’agriculteurs et riverains s’en saisissent massivement. Dans le Limousin, Phyto’Alerte a bénéficié du soutien de la Dreal Nouvelle-Aquitaine dans le cadre du Plan régional santé environnement (PRSE3) visant à réduire l’exposition des populations aux produits phytosanitaires.

Déploiement national

Fort de son retour d’expérience, « sans aucun bug », précise Fabrice Micouraud, ARinsight déploie désormais son application au plan national, incluant les Dom-Tom, en ciblant toutes les filières et toute entreprise utilisant des produits phytosanitaires et souhaitant informer, prévenir, des riverains, employés, ou toute personne susceptible d'intervenir dans les zones traitées, le délai de rentrée étant pris en compte lors du signalement. Si l’application est gratuite pour les riverains, son prix pourrait s’établir à quelques dizaines d’euros par an pour les agriculteurs, selon les surfaces en jeu et l’adhésion en collectif (coopératives, organisations de producteurs...). ARinsight verrait bien aussi les collectivités investir et s’investir dans la promotion de ses usages au plan territorial.