1 mouton, 2 moutons… 38 000 moutons de Nouvelle-Zélande

Indignation. Gâchis. Absurde. Dangereux. Telles ont été les réactions des professionnels agricoles suite à la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande le 30 juin dernier.

[Edito] La date est symbolique : il s’agit du dernier jour de la présidence française de l’Union européenne (UE), qui avait démarré le 1er janvier 2022. Au cours de ces 6 mois, le président Emmanuel Macron avait pourtant érigé la bataille de la réciprocité des normes (les fameuses « clauses miroir ») comme une priorité.

L’accord prévoit l’élimination des droits de douane sur les exportations agricoles de l’UE vers la Nouvelle-Zélande pour des produits tels que la viande porcine, le vin, le chocolat et les biscuits. Dans le même temps, la Nouvelle-Zélande pourra exporter ses produits agricoles avec des droits de douane réduits ou nuls seulement sur des quantités limitées pour les produits laitiers, la viande bovine et la viande ovine. L’accord prévoit par exemple une hausse du quota d’importation de produits néo-zélandais de 10 000 tonnes pour la viande bovine et de 38 000 tonnes pour la viande ovine.

Cet accord réussit l’exploit de ne contenter ni les éleveurs néo-zélandais, pour qui l’accès au marché européen demeure limité, ni les producteurs européens, qui craignent que ces importations fragilisent davantage les filières d’élevage.

Pour les éleveurs français, la déception est grande. La Commission européenne « fait le choix de brader ses filières d’élevage », déplore-t-on chez Interbev. « La présidence française de l’Union européenne se termine sur une nouvelle attaque contre la souveraineté alimentaire », dénonce la Confédération paysanne. « Avec ce nouvel accord, ce sont des viandes et produits laitiers issus d’élevages du bout du monde utilisant des substances interdites en Europe comme l’atrazine, pour ne citer qu’un seul exemple, qui arriveront à bas prix dans l’assiettes de nos consommateurs », écrit la Fédération nationale bovine (FNB) dans une lettre ouverte au Président de la République.

Outre les ambitions agricoles de l’UE, ce sont ses ambitions environnementales qui sont dénoncées par cet accord. Il faut dire qu’à l’ère du « Pacte vert » européen et des objectifs de réduction des émissions carbone, signer un accord commercial avec le pays qui se situe, littéralement, aux antipodes de l’Europe, envoie un signal pour le moins contradictoire.