2020, une année soupe au lait… ou pas

Mardi 15 décembre, Éric Hatteville, responsable de la section lait à la FDSEA, a présenté un bilan de l’année aux producteurs, en visioconférence. Malgré une année compliquée, il relativise et salue un effet amortisseur de la loi Egalim.

« Début 2020, les négociations se passaient bien, en application de la loi Egalim. Les prix payés étaient en hausse au premier trimestre par rapport à la même période l’année dernière. Et puis, il y a eu la Covid-19. » Éric Hatteville, responsable de la section lait à la FDSEA de l’Orne, a proposé aux éleveurs un bilan de l’année 2020 mardi 15 décembre. Et pandémie oblige, par visioconférence.

Marché porteur

Avec le confinement, « les échanges internationaux étaient en berne, le prix des matières premières beure et poudre est tombé de 328 à 254 €/t en six semaines. Mais les produits de grande consommation se sont maintenus. Le volume de la restauration collective a été absorbé par les GMS. Les gens ont consommé et cuisiné des produits laitiers français », apprécie le responsable lait. Côté prix payé aux producteurs, Éric Hatteville relativise et rappelle que « le sud-est de la France a beaucoup plus souffert que notre région. Les fromages comme le comté ou le cantal ont perdu jusqu’à 80 % de leur chiffre d’affaires ». Il salue l’effet des EGA qui ont permis une augmentation des prix de « 12€ en deux ans » et décrit un « effet amortisseur sur l’impact de la Covid-19. Aujourd’hui, les entreprises laitières françaises paient le lait 10 à 15 € plus cher que celles équivalentes en Allemagne, en Belgique ou en Angleterre. Même si les prix ne sont pas encore assez élevés, ils prouvent que les EGA fonctionnent ». Les négociations commerciales se terminent le 28 février. « Depuis un mois, les coopératives laitières de l’Ouest parlent d’un prix objectif pour appliquer les EGA. Nous aimerions rencontrer en janvier les responsables de coop et d’OP pour connaître les tendances et savoir à quoi s’attendre. Nous vous tiendrons au courant de l’actualité laitière. » Éric Hatteville constate aussi que « la production mondiale est en hausse depuis quinze mois consécutifs. Le marché est porteur ».

Lait et analyses

Deuxième sujet d’actualité à l’ordre du jour : la panne du Lilano, privant les producteurs de leurs analyses de lait. « Le 12 novembre, une attaque extérieure a bloqué l’accès aux résultats. » Depuis le 7 décembre, les producteurs ont de nouveau accès à leurs données. Lors du dernier conseil d’administration du Criel, les représentants de la FRSEA lait ont demandé un accord afin que les éleveurs ne soient pas pénalisés par la panne. Si la coopération a dit oui, les industriels n’ont, eux, pas validé le principe mais restent ouverts à la discussion (Lire L’Agriculteur normand du jeudi 17 décembre). Troisième et dernier sujet abordé : le nouvel étalonnage pour compter les cellules somatiques du lait. « La base 0 n’était pas la même dans tous les pays. Des USA à la Chine, tout a été remis à plat pour traiter les producteurs de la même façon. » Le nouvel étalon aurait dû s’appliquer au 1er janvier mais sa mise en route est repoussée en avril. « Le niveau de cellules va baisser chez une grosse partie des producteurs. Surtout ceux qui se trouvent dans la tranche 250 000 - 300 000 cellules. Il vont bénéficier d’une hausse de prix grâce à la baisse de ses analyses. En revanche, cela ne changera rien pour l’éleveur à 80 000 cellules. Les différences calculées sont souvent de 20 % mais parfois, les résultats ne bougent pas. Nous ne connaissons pas encore précisément les niveaux de variation ». Affaire à suivre, donc.