Betterave sucrière : la jaunisse discrète, la CGB pas amnésique

Si la pression virale s’avère globalement faible, des parcelles sont touchées à plus de 50%, notamment en Eure-et-Loir. La CGB rappelle au gouvernement son engagement à indemniser « l’intégralité des pertes, sans franchise, ni plafond ».

« Une pression jaunisse assez faible jusqu’à présent » : tel est, en date du 9 août, le constat dressé par l’Institut technique de la betterave (ITB), sur base des observations réalisées dans les parcelles du réseau d’épidémiosurveillance. « Rien à voir avec la situation de 2020, très précoce aussi bien en termes d'apparition des symptômes que de gravité, y compris au sud de Paris », précise l’ITB. A une exception près : tout un secteur d’Eure-et-Loir où la pression jaunisse s’avère bien supérieure à la moyenne nationale. L’ITB a du reste lancé une enquête auprès des planteurs pour en comprendre les ressorts.

Pourcentage de betteraves touchées par la jaunisse en date du 9 août (Source : ITB)
Pourcentage de betteraves touchées par la jaunisse en date du 9 août (Source : ITB)

La campagne 2023 inaugure le bannissement définitif des néonicotinoïdes en traitement des semences, après une parenthèse de deux ans pendant lesquels la France a activé un dispositif dérogatoire, suite aux attaques massives de pucerons vecteurs de la maladie, amputant la récolte 2020 de 30% de son potentiel. A la veille des semis 2023, une décision de la Cour de justice de l’UE (CJUE) a mis fin prématurément au dispositif dérogatoire, prévu à l’origine pour trois campagnes, plaçant les planteurs dans une expectative certaine, en l’absence de solutions alternatives aussi efficaces que les néonicotinoïdes pour lutter contre les pucerons.

Suite à la décision de la CJUE, et face au risque que les producteurs se détournent de la betterave, le ministère de l’Agriculture s’était engagé à mettre en place « une aide aux planteurs en cas de pertes de rendements liés à la jaunisse en 2023 ».

La CGB sur le qui-vive

Dans un communiqué daté du 10 août, la CGB s’est rappelée au bon souvenir du ministère. « Le pire devrait être évité en 2023 mais l’engagement de compenser intégralement les pertes de rendement doit être respecté, sans franchise ni plafond », rappelle-t-elle. Problème : l’absence de crise de grande ampleur pourrait contrarier l’activation de l’article 221 de l’OCM, ce qui aurait pour conséquence de soumettre les futures aides au régime de minimis, plafonnant les aides à 20.000 euros sur trois exercices consécutifs.

« L’engagement du ministre et du gouvernement devant le Parlement de compenser intégralement les pertes de la jaunisse doit être respecté pour les agriculteurs concernés, quelle que soit l’ampleur de la jaunisse et quel que soit le dispositif d’indemnisation retenu, afin de préserver les surfaces betteravières pour les années à venir, prévient Franck Sander, président de la CGB. Il est également urgent d’apporter aux agriculteurs des solutions techniques complémentaires pour lutter efficacement contre les pucerons ces prochaines années ».