L’Etat donne des gages financiers aux betteraviers en cas d’attaque de jaunisse

Si le dispositif reste à caler aux plans technique et juridique, le ministère de l’Agriculture assure les planteurs d’une prise en charge des éventuelles pertes dues à la jaunisse, sans franchise et sans plafond. Selon l’AIBS, la pression parasitaire serait supérieure à celle de 2021 et 2022 mais inférieure à celle de 2020.

« Plantez » : c’est le mot d’ordre adressé conjointement par Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, Franck Sander, président de la CGB et Alain Carré, président de l’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (AIBS) au sortir d’une réunion le 9 février consacrée du devenir de la filière. « Faites la part qui est la vôtre de pouvoir assumer la souveraineté de la France et la puissance de la France en terme de production de betterave et de sucre » a exhorté Marc Fesneau, à quelques semaines des premiers chantiers de semis.

Après la décision de la Cour de justice de l’UE (CJUE) de proscrire définitivement le recours aux néonicotinoïdes pour lutter contre le puceron vecteur du virus, la filière se trouve privée d’une assurance anti-jaunisse, porteuse d’une menace existentielle comme l’avait pointée la campagne 2020, amputant alors de 30% la production betteravière.

Pour atténuer le préjudice et le traumatisme, le gouvernement avait alors adopté un dispositif d’aide exceptionnelle, dans le cadre du régime des aides de minimis, assorti de franchises et de plafonds. Le mécanisme avait abouti à des indemnisations partielles, encore à l’esprit des betteraviers impactés, qui seront très vigilants sur un paramètre en particulier, à savoir les références de rendement prises en compte dans le calcul des pertes. « Il faut un dispositif le plus précis et le plus juste possible, sans franchise et sans plafond, a déclaré Franck Sander. La proposition du gouvernement et du ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, qui est de dire : on crée une assurance publique qui garantit la jaunisse et rien que la jaunisse, nous va ». « Les agriculteurs peuvent faire un autre choix que de planter de la betterave », a admis Marc Fesneau.

Outre les moyens budgétaires en conséquence, reste à élaborer le dispositif et « le formulaire le plus simple possible » si attaque de jaunisse il y a. Le gouvernement mise sur l’appui de l’UE via l’activation d’une mesure de crise européenne. Les sucreries, potentiellement exposées à une perte d’activité, ne seront pas oubliées mais traitées dans un second temps.

Pression parasitaire

Côté épidémiologique, l’analyse des réservoirs viraux indique que la pression parasitaire est supérieure à celle de 2021 et 2022 mais inférieure à celle de 2020, selon l’AIBS. Un plan d’action et de surveillance sur la gestion de ces réservoirs sera finalisé d’ici début mars. Les modèles de prévisions de vols de pucerons issus d’un des projets du Plan national de recherche et d’innovation (PNRI) seront également déployés prochainement.

"Les agriculteurs sont ouverts aux transitions à partir du moment où on leur apporte des solutions"

La campagne à venir devrait par ailleurs inaugurer la mise en œuvre de nouveaux itinéraires techniques issus de ce même PNRI, notamment les plantes compagnes. « A plus long terme, il s’agit de sortir le plus rapidement de cette impasse, indique Franck Sander. Il faut poursuivre la recherche et renforcer le PNRI car les agriculteurs sont ouverts aux transitions à partir du moment où on leur apporte des solutions ». Les betteraviers attendent aussi de l’UE une accélération des procédures d’homologation des nouveaux produits de protection.