Bien-être animal : le tout ou rien des viandes blanches

Une étude commanditée par FranceAgriMer indique que les surcoûts de production liés aux démarches de bien-être animal en porcs et poulets de chair ne sont rentables que pour les plus fortes exigences et conditionnées à une contractualisation. Les coûts d’adaptation des bâtiments constituent le premier frein.

Pas de caudectomie pour les porcins, le choix de races à croissance lente pour la volaille, une grande liberté de mouvement, un accès à l’extérieur : tels sont les critères de bien-être animal (BEA) susceptibles d’engendrer des bénéfices économiques supérieurs aux surcoûts induits, mais avec une grande variabilité des situations réelles, selon une étude commanditée par FranceAgriMer auprès de l’agence d’expertise-conseil et de recherche franco-allemande Ecozept. L’étude s’est focalisée sur différentes démarches mise en œuvre en Allemagne, au Danemark et aux Pays-bas.

Coûts de production en euros par poulet des modes d’élevage conventionnels et respectueux du bien-être animal aux Pays-Bas (Source : Ecozept)
Coûts de production en euros par poulet des modes d’élevage conventionnels et respectueux du bien-être animal aux Pays-Bas (Source : Ecozept)

Le premier niveau de BEA le plus critique

Selon l’étude, le passage du « niveau standard » vers le « premier niveau bien- être animal » (pas de caudectomie pour les porcins, choix de races á croissance lente pour la volaille, un peu plus d’espace, matériel de jeu) s’avère être le plus critique. « Ce premier niveau génère bien un surcoût, mais ne permet qu’une faible valorisation sur le marché, voire pas de valorisation additionnelle du tout ». Les niveaux supérieurs (significativement plus d’espace, accès à l’air libre, grande liberté de mouvement, accès à l’extérieur) sont souvent plus rentables. Mais, généralement, ils ne seront mis en œuvre que par les exploitations qui, par leur disposition (espace disponible, parcellaire non morcelé...), s’y prêtent, ce qui délimite leur montée en volume. Même sous conditions favorables de valorisation, la rentabilité des exploitations dépendra fortement des coûts liés aux investissements (bâtiments, surfaces).

Coûts de production en euros par porc des modes d’élevage conventionnels et respectueux du bien-être animal en Allemagne (Source : Ecozept)
Coûts de production en euros par porc des modes d’élevage conventionnels et respectueux du bien-être animal en Allemagne (Source : Ecozept)

La grande distribution motrice

La production avec des niveaux supérieurs de bien-être animal est souvent organisée à l’intérieur des systèmes de contractualisation avec l’aval, où par exemple les entreprises de distribution garantissent des prix et/ou primes élevés, réduisant ainsi les risques financiers. « La grande distribution a poussé, dans les pays observés, à élargir la production sous des niveaux supérieurs en bien-être animal, en proposant des systèmes de contractualisation avec primes et prix garantis à la clé. Ces modèles de rémunération augmentent l’acceptabilité par les élevages ».

Les freins à la transition

Selon Ecozept , les adaptations des bâtiments sont un frein majeur à l’élargissement de la production respectueuse du bien-être animal. « Dans tous les pays observés, toute rénovation et surtout toute nouvelle construction se heurte à la charge financière et à l’obstacle du permis de construire. Dans la mise en place de nouvelles démarches de bien-être animal ou dans l’évolution de ces dernières, il convient de réaliser un inventaire des exploitations qui, par leur configuration, sont adaptées à cette démarche, et de concentrer les efforts sur celles-ci ».

D’autres freins ont été identifiés à commencer par le manque d’information et les a priori qui « persistent dans le monde agricole peuvent être palliés par une communication plus volontariste, portée par les responsables publics et syndicaux ». Un recueil de bonnes pratiques en élevage respectueux du bien-être animal, diffusé largement auprès des acteurs de la filière, peut contribuer à réduire les surcharges de travail et à augmenter la rentabilité, préconise l’étude, qui pointe également le défaut de formation du personnel agricole. « Qu’il soit permanent ou en remplacement temporaire, le personnel n’est aujourd’hui pas formé pour aider à conduire un élevage qui répond aux niveaux élevés de bien-être animal ».