Bilan météo 2023 : des températures de nouveau hors-normes, du mieux au niveau des précipitations

L’année 2023 se classe au 2ème rang des années les plus chaudes dans l’Hexagone... après 2022. Au plan hydrologique, après une sécheresse sans précédent en 2022, l’année 2023 se termine par un bilan plutôt positif, hors excès dans le Pas-de-Calais et déficits pluviométriques records sur le pourtour méditerranéen.

Quid du bilan climatique de décembre 2023 en France ?

Le bilan du mois de décembre 2023 est marquant avec une anomalie thermique de +1,9°C et ce sont les régions septentrionales qui ont connu les excédents les plus importants, entre 2 et 3,2°C contre de 0,8 et 2,1°C sur la moitié sud. C’est donc le 23ème mois consécutif avec un excédent de températures en France (depuis janvier 2022 avec un léger déficit de 0,5°C).

En termes de pluviométrie, l’année se termine avec un léger déficit à l’échelle du pays et ce sont les régions allant de l’Aquitaine aux Charentes à l’ouest du Massif-Central ainsi que de l’est du bassin parisien à la Bourgogne jusqu’en Rhône-Alpes où les pluies ont été les plus excédentaires, ce qui a provoqué des crues sur le centre-ouest du pays ainsi que dans de nombreuses vallées des Alpes du Nord.

En revanche, sur une bonne moitié nord du pays, malgré de nombreux jours avec de la pluie, les cumuls pluviométriques ont été déficitaires car les précipitations ont été fréquentes mais plus faibles que lors du mois de novembre 2023 (https://www.pleinchamp.com/actualite/l-automne-2023-est-le-plus-chaud-jamais-enregistre-en-France). Enfin, ce sont toujours les régions méditerranéennes les moins arrosées avec seulement 7 mm de précipitations à Perpignan (déficit de 87,8%) et 1,2 mm à Bastia (déficit de 98,6%) !

Une année 2023 « trop » chaude en France à l’image du globe !

Force est de constater que les années se suivent et se ressemblent à savoir que nous battons de plus en plus de records de douceur et de chaleur et de moins en moins de records de fraîcheur et de froid. Cette année 2023 se solde sur un déséquilibre très marquant avec seulement une quarantaine de records de froid alors que nous avons battus plus de 2500 records de chaleur ! Le réchauffement climatique est un fait évidemment avéré et il est alarmant de constater qu’il s’accélère surtout avec le retour, au cours du printemps 2023, du phénomène climatique El Niño.

Le graphique, ci-dessous, illustre parfaitement la nette hausse de la température entre les mois de mai et de juin 2023 (trait noir) à la surface du globe et cette année 2023 est désormais la plus chaude jamais observée.

Evolution des températures moyennes mensuelles de 1940 à 2023 (Source : Climate Reanalyzer)
Evolution des températures moyennes mensuelles de 1940 à 2023 (Source : Climate Reanalyzer)

La conséquence en France est que cette année 2023 se place à la deuxième place des années les plus chaudes avec une température moyenne de 14,4°C. La première place est toujours détenue par…2022 avec une moyenne de 14,51°C. Les 10 années les plus chaudes ont été enregistrées depuis ces 20 dernières années en France (entre 2003 et 2023). En moins de 100 ans en France métropolitaine, (cf. graphique ci-dessous) la température moyenne a grimpé de 1,7°C !

Evolution de la température annuelle en France de 1930 à 2023 (Source Météo-France)
Evolution de la température annuelle en France de 1930 à 2023 (Source Météo-France)

Une franche amélioration au niveau des nappes phréatiques au cours du dernier trimestre 2023

Après une année 2022 pour le moins très délicate, avec une situation de sècheresse sans précédent dans de nombreuses régions, l’année 2023 se termine par un bilan plutôt positif même si le contexte hydrologique devenait critique au cours de la première quinzaine du mois d’octobre. Tout a basculé entre le 15 et le 20 octobre avec la mise en place d’une configuration météorologique très favorable au remplissage des nappes phréatiques.

Les excédents pluviométriques ont été très marqués en octobre et en novembre, comme nous pouvons le constater sur le graphique ci-dessous. En effet, nous sommes passés d’une récurrence anticyclonique, maintenant du temps sec, au rétablissement d’une circulation océanique dynamique favorisant l’arrivée et le passage, d’ouest en est de la France, de très nombreuses perturbations gorgées d’humidité.

Anomalies de précipitations en France en 2023 par rapport à la normal climatique (1991-2020) (Source : www.meteo.fr)
Anomalies de précipitations en France en 2023 par rapport à la normal climatique (1991-2020) (Source : www.meteo.fr)

Les niveaux des nappes phréatiques sont désormais hauts et même très hauts sur l’ouest et le nord-est de la France en raison de précipitations soutenues et régulières depuis la mi-octobre. Sur le bassin parisien, les niveaux sont globalement en hausse et dans la moyenne.

Comparaison de la situation des nappes entre juillet 2023 et début janvier 2024 (Source : Info sécheresse)
Comparaison de la situation des nappes entre juillet 2023 et début janvier 2024 (Source : Info sécheresse)

Toutefois, la situation des nappes reste délicate vers la vallée du Rhône et elle est même préoccupante dans les départements méditerranéens. C’est la deuxième année consécutive où les cumuls pluviométriques sont très largement déficitaires. Autour du golfe du Lion, cette année 2023 se termine avec un déficit de 50 à 60 % !

De nombreux records, datant de 2017 et 1998 principalement, ont été battus avec, par exemple, seulement 185 mm de précipitations relevés à Béziers (Hérault) ainsi qu’à Aigues-Mortes (Gard), 210 mm à Sète (Hérault), 245 mm à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ou encore 261 mm à Montpellier (Hérault) et 328 mm à Narbonne (Aude). Si la situation ne s’arrange pas au cours des prochaines semaines, l’année 2024 sera très délicate sur ces régions.

Quelle est la tendance météorologique jusqu’à la mi-janvier 2024 ?

Après un début 2024 très doux et surtout encore et toujours très humide, avec de nouvelles et exceptionnelles crues dans le département du Pas-de-Calais (vigilance rouge), les conditions météorologiques vont radicalement changer au cours de ce week-end du 6 et 7 janvier 2024.

La semaine prochaine s’annonce donc pleinement hivernale, avec des débordements instables à surveiller en direction de l’extrême sud-est, où la neige pourrait alors faire son apparition à basse altitude, voire en plaine en remontant vers Rhône-Alpes, mais pour l’instant pas d’épisode majeur modélisé…Le flux d’est à nord-est anticyclonique devrait assécher la masse d’air avec davantage d’éclaircies à partir de mardi, et des gelées généralisées à l’aube, parfois moins de -5°C dans le nord-est où le dégel sera difficile en journée, tandis qu’ailleurs on ne dépassera pas 2 à 5°C en général, hors Méditerranée.

Anomalies de températures et de précipitations du 8 au 15 janvier 2024 (Source : ECMWF)
Anomalies de températures et de précipitations du 8 au 15 janvier 2024 (Source : ECMWF)

En toute fin de semaine prochaine, un léger redoux pourrait gagner la moitié sud avec un flux basculant à peu à peu au sud-est, tandis que le froid resterait vif au nord, cela reste largement à confirmer. Il est certain que les températures resteront sous les valeurs de l’ordre de 3 à 6 degrés, selon les régions, toute la semaine prochaine. Pour autant, il n’est pour l’instant pas prévu de vague de froid.