Blé tendre : les gros stocks français vont-ils faire baisser les prix ?

Les stocks de blé tendre français pourraient être au plus haut depuis 2005, tandis que l’Algérie boude l’origine France, faisant peser un risque de baisse des cours.

Le bilan prévisionnel du blé tendre français publié mi-janvier par FranceAgriMer a jeté un pavé dans la mare. Le stock final de la campagne 2021-2022 pourrait atteindre près de 3,7 millions de tonnes (Mt) à fin juin, au plus haut depuis 2005. Tout en soulignant les nombreuses incertitudes qui demeurent pour la deuxième moitié de campagne, Marc Zribi, chef de l’unité Grains de FranceAgriMer, a convenu « qu’un tel niveau de stock pourrait contribuer à détendre le prix du blé pour donner une bouffée d’air supplémentaire pour la compétitivité à l’export ».

L’une des clés du bilan se trouve en Algérie. Ce pays, débouché majeur pour le blé français, en importe historiquement chaque année entre 4 et 6 Mt. Mais les temps changent : en novembre, le gouvernement algérien a remonté à 1 % le taux autorisé de grains punaisés, levant le dernier obstacle à l’achat de blé russe. La Russie devrait s’y engouffrer, avec déjà plus de 300 000 tonnes expédiées vers l’Algérie, une première !

Les exportations françaises pâtissent également des brouilles diplomatiques entre Paris et Alger. Malgré une compétitivité retrouvée, les ventes de blé tricolore vers l’Algérie patinent : moins d’1,2 Mt à fin décembre, contre 2 à 4 Mt en année normale à même date (en excluant les années de faible production ou de problème qualitatif, comme 2016 et 2020). Et toujours pas de blé français dans l’appel d’offres algérien de janvier, pour chargement en mars.

Pour atteindre les 9 Mt à l’export sur pays tiers prévus par FranceAgriMer (qui n’empêcheraient donc pas un fort gonflement des stocks), il faudra mettre les bouchées doubles sur d’autres destinations. Le dynamisme des achats chinois y contribue, ainsi que de bonnes performances possibles sur plusieurs pays africains. Gare toutefois à la grosse concurrence argentine sur l’Afrique du Nord. Le contexte est décidément menaçant pour les prix français, à moins que les cours mondiaux ne s’emballent de nouveau sur fond de cours de l’énergie et de tensions géopolitiques avec la Russie.