ChatGPT, NBT… quelles technologies pour le futur de l’agriculture ?

[Edito] Près de 150 ans après l’invention des premiers tracteurs agricoles, quelles nouvelles technologies vont révolutionner l’agriculture dans les années à venir ? Lorsque l’on pose la question à ChatGPT, en bonne intelligence artificielle, celle-ci répond… l’intelligence artificielle. Mais pas que.

Il faut dire que les applications de l’intelligence artificielle sont déjà nombreuses dans le domaine agricole, en particulier dans l’analyse d’image, au champ et dans les bâtiments d’élevage. On l’utilise pour analyser les comportements des animaux ou encore pour repérer les adventices dans les parcelles.

Mais ChatGPT ne se contente (heureusement) pas de mentionner l’intelligence artificielle. Parmi les autres technologies qui pourraient révolutionner l’agriculture à l’avenir, elle cite les outils de précision (capteurs, drones, GPS…), les robots et engins autonomes, ainsi que les techniques de modification génétique des plantes. On retrouve ici le triptyque « numérique, robotique et génétique », prôné par le gouvernement pour le futur de l’agriculture française.

Nouvelles techniques génétiques

En Europe, l’édition génomique des plantes est d’actualité. Le 11 décembre, les ministres de l’Agriculture de l’Union européenne se sont réunis pour tenter de trouver une position commune sur le règlement visant à encadrer les nouvelles techniques de sélection génomiques (les NGT ou NBT, pour new genomic/breeding techniques en anglais). A la différence des OGM, ces NGT ne reposent pas sur la transgénèse, c’est-à-dire sur l’introduction de gène d’une autre espèce, mais sur la mutation ou l’insertion de gène d’une espèce sexuellement compatible. Ils ne sont donc pas considérés comme « transgéniques ». La Commission européenne propose des règles assouplies pour une partie de ces NGT, qui ne seraient plus soumis à la réglementation OGM (tous interdits à la culture en Union européenne, à l'exception du maïs MON810, cultivé sur de petites surfaces en Espagne et au Portugal). Les ministres n’ont pas réussi à s’entendre sur une position commune, mais le dossier devrait avancer dans les mois à venir… et alimenter les tensions entre les partisans et les opposants à ces nouvelles semences. La Confédération paysanne et d’autres organisations notamment écologistes ont d’ailleurs manifesté le 13 décembre à Paris contre cette proposition de la Commission européenne, au nom du principe de précaution et contre le dépôt de brevets sur le vivant. Pour le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, ces nouvelles techniques sont au contraire porteuses d’espoir pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires. « La France est pour les NBT », a-t-il déclaré récemment.

Quid de la viande in vitro ? Cette technologie de rupture, présentée comme un moyen de réduire l’impact environnemental de l’élevage et la maltraitance animale, jouera-t-elle un rôle significatif à l’avenir ? En France, les oppositions sont fortes, portées par les craintes de menaces pour l’élevage. Une proposition de loi a d’ailleurs été déposée à l’Assemblée nationale le 5 décembre, pour interdire « la production, la commercialisation et la vente de viande de synthèse en France ». Les syndicats agricoles sont vent debout contre cette technologie. A ce jour, les ministres français de l’Agriculture se sont toujours prononcés plutôt contre. Marc Fesneau, bien qu’ayant un sentiment « plus que mitigé » sur la viande de synthèse, se montre moins fermement opposé que son prédécesseur Julien Denormandie. Interrogé sur la question lors d’une audition à l’Assemblée nationale le 6 décembre, il estime « qu’il faut qu’on y travaille », et « qu’il va falloir regarder quel est le cadre et quelles sont les conséquences, y compris environnementales ».