Décarbonation 2030 : un effort additionnel relatif pour l’agriculture

Pour atteindre l’objectif de réduction de 55% des émissions de GES d’ici à 2030, l’agriculture va devoir accentuer son effort de 9%, contre 27% pour les transports, 25% pour le bâtiment, 20% pour l’industrie et 14% pour l’énergie.

Présenté par la Commission européenne en 2021, le paquet « Fit for 55 » (paré pour 55) fixe à l’UE une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 55% à l’horizon 2030, puits de carbone inclus, comparativement à 1990. Ainsi, en 2030, la France ne devra pas dépasser le plafond de 270 millions de tonnes équivalent CO2 (MteCO2), pallier intermédiaire, avant d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Problème : en 2022, la France a émis 408 MteC02 selon les chiffres (prévisionnels) du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), en baisse de 2,5% sur un an, de 12% sur 5 ans. Une décrue trop faible pour atteindre l’objectif fixé à 2030.

L’agriculture relativement épargnée

Pour respecter ses engagements européens, la France va donc devoir amplifier le rythme de sa décarbonation. C’est l’enjeu de la Loi de programmation quinquennale sur l’énergie et le climat, qui doit être adoptée au cours du second semestre. Dans le cadre du Conseil national de la transition écologique, la Première ministre a dévoilé le 22 mai les objectifs assignés aux cinq secteurs émetteurs que sont les transports (29% des émissions de GES en 2021 selon le Citepa), l’agriculture (20,6%), l’industrie (19%), le bâtiment (18%), l’énergie (10%), les déchets (3,4%).

Tous secteurs confondus, l’effort de réduction de GES entre 2023 et 2030 s’élève à 138 MteCO2. Le plus gros effort est demandé au secteur des transports (27% de l’effort global) tandis que l’agriculture va devoir prendre sa part à hauteur de 9%, et passer de 81 MteCO2 à 68 MteCO2, soit une réduction de 16% sur les huit prochaines années. Le bâtiment, l’industrie et l’énergie prendront leur part de réduction à hauteur respective de 25%, 20% et 14%. Les objectifs vont faire l’objet de discussions avec les parties prenantes, avant la présentation d’un plan détaillé d’ici à la fin du mois de juin.

Les émissions de GES en agriculture

Selon le Citepa, l’essentiel des émissions de GES en agriculture est constitué de méthane (49%), principalement lié à l’élevage, et de protoxyde d’azote (38%), principalement lié à la fertilisation des cultures, le solde (13%) étant dû à la consommation d’énergie.

Entre 1990 et 2020, les émissions de de GES ont diminué de 12% dans le secteur agricole, sous l’effet de la diminution de la taille du cheptel bovin (animaux moins nombreux mais plus productifs) et de l’optimisation de la fertilisation azotée.