Face aux ZNT, la profession allume les gyrophares

Le gyrophare en fonctionnement pendant la pulvérisation est censé répondre aux exigences de prévenance des riverains. Il pourrait aussi faire office d’alerte vis-à-vis des pouvoirs publics, la profession dénonçant, entre autres, l’absence de compensation.

Le 26 juillet 2022 constituait la date butoir pour élaborer les chartes d’engagement départementales relatives aux Zones de non traitement (ZNT). L’arrêté du 25 janvier 2022 impose en effet d’informer, en amont des traitements, les personnes résidant et travaillant à proximité des zones d’épandage. Cette obligation est du ressort des chartes départementales d’engagement, lesquelles spécifiaient jusqu’à présent les moyens techniques de réduire les ZNT de 5 m à 3 m en cultures basses et de 10 m à 5 m voire 3 m en cultures hautes, moyennant le recours à des dispositifs anti-dérive certifiés. « Il reste encore quelques questions en suspens dans quelques départements mais pour tout le reste, les chartes sont bouclées », déclare Hervé Lapie, secrétaire général adjoint de la FNSEA et président du Contrat de solutions.

Le gyrophare en guise d’alerte

Problème : comment signaler à des personnes impossibles à identifier le déclenchement d’un traitement au déterminisme très circonstanciel tel que les fenêtres météo ou le franchissement de seuil parasitaire ? « Nous avons acté le principe du maintien en fonctionnement du gyrophare pendant les chantiers de pulvérisation, poursuit Hervé Lapie. Le gyrophare est l’outil de prévenance le plus adéquate car visible de tous et facilement repérable. On a exclu la pause de panneaux ou de fanions, pas du tout adaptés aux conditions de mise en œuvre des traitements, qui exigent une forte réactivité face au climat et aux maladies et ravageurs ». La profession met aussi en avant les sites internet tels ceux des Chambres pour faire œuvre de pédagogie auprès du grand public.

Gyrophare contre chiffon rouge

Il n’est pas du tout certain que le gyrophare contente les ONG à l’origine du recours au Conseil d’Etat, dans la mesure où le moyen d’information des résidents et des personnes présentes à proximité des zones d’épandage s’entend « en amont » de l’utilisation des pesticides. « Si les ONG ont choisi de faire des ZNT un chiffon rouge pour sortir de l’usage des produits phytosanitaires, nous agriculteurs, nous avons opté pour un discours de vérité vis-à-vis de nos concitoyens et consommateurs, en rappelant que la France dispose d’une alimentation parmi les plus saines et les plus durables au monde, argumente Hervé Lapie. Protéger les cultures, c’est aussi protéger les citoyens par ces temps d’insécurité alimentaire et on le doit à la formation des agriculteurs et à leurs bonnes pratiques, avec le renfort de la technologie. Ce sont des équilibres qui relèvent de l’agronomie, de la science, de l’innovation et en aucune façon de l’idéologie et du dogmatisme ».

Toujours pas de compensation

La profession aurait apprécié que l’Etat s’en réfère lui-même à la science, en évitant l’instauration de mesures restrictives sans même tenir compte des études en cours, telle que celle de l’Acta visant à matérialiser le risque réel de dérive moyennant le recours aux technologies les plus avancées. Elle formule un autre grief à l’encontre des pouvoirs publics, à savoir l’absence de compensation pour les pertes engendrées par le défaut d’exploitation des ZNT, mais dont la gestion engendre en prime des charges. « Les pouvoirs publics nous renvoient sur les mesures de la Pac, ce que l’on refuse catégoriquement », déclare Hervé Lapie. La FNSEA se bat par ailleurs pour que l’urbanisation prenne à sa charge l’intégration des ZNT dans les futurs projets d’aménagement, afin de ne pas grignoter du foncier agricole. « Notre souveraineté alimentaire passe aussi par là », conclut Hervé Lapie.