Foie gras : la vaccination propice à la production, moins à l’exportation

La vaccination contre l’Influenza aviaire a contribué à maîtriser l’épizootie mais elle a eu aussi pour effet de fermer certaines frontières à l’export. La filière réclame davantage de « diplomatie sanitaire » et la prolongation du soutien financier de l’Etat pour... la prochaine campagne de vaccination.

Si, à la veille de la saison 2023/2024, on avait annoncé que la France totaliserait 10 foyers en élevages à la sortie de l’hiver, il y a fort à parier que peu d’éleveurs y auraient crû. Pour rappel, le nombre dépassait les 400 l’an passé et les 1400 l’année d’avant, générant l’abattage, pour l’essentiel préventif, de plusieurs des dizaines de millions de canards et volailles. Selon le ministère de l’Agriculture, qui a abaissé le niveau de risque à « modéré » le 18 mars dernier, le bilan (provisoire) de la campagne en cours est à mettre au crédit, en partie au moins, à « la campagne de vaccination inédite conduite avec succès par la France ».

Evolution annuelle des abattages de canards à foie gras en France (Source Agreste)
Evolution annuelle des abattages de canards à foie gras en France (Source Agreste)

« Diplomatie sanitaire »

Après le renforcement des mesures de biosécurité, les restrictions imposées aux élevages de plein air, les programmes de dédensification dans certaines zones des Pays de la Loire et du Sud-Ouest, la vaccination des canards est l’ultime arme dégainée par les pouvoirs publics et la profession pour tenter de juguler l’IAHP.

Un énorme chantier tant logistique que politique, la France étant le seul pays à explorer cette voie, non sans avoir obtenu le feu vert de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). Le risque d’une fermeture des frontières, de la part de pays rétifs, pas tant à la vaccination à l’innocuité vis-à-vis de l’Homme scientifiquement prouvée, qu’au risque d’introduire sur leur territoire un virus masqué par le vaccin (s'agissant des reproducteurs), était parfaitement identifié par les autorités, qu’elles ont tenté de déjouer en usant de « diplomatie sanitaire ».

Evolution de la balance commerciale du foie gras (Source : Cifog)
Evolution de la balance commerciale du foie gras (Source : Cifog)

Les deux requêtes du Cifog

Selon le Cifog, l’interprofession de la filière gras, cette stratégie a connu certaines limites, lui attribuant le recul des exportations vers certaines destinations, citant notamment le Canada, le Japon et le Royaume-Uni. « Les exportations de la France sont freinées depuis le dernier trimestre 2023 par les blocages liés à la vaccination et peinent à retrouver leur niveau historique », avance le Cifog. Résultat : la filière accuse en 2023 un déficit commercial de 3,5 millions d’euros, une première. Cependant, la vaccination a eu aussi pour effet d’inverser la courbe de production de canards gras, qui baissait inéluctablement depuis 2018, préfigurant des jours meilleurs.

Le Cifog réclame ainsi une réactivation de la diplomatique sanitaire pour lever les barrages à l'exportation, tout en attendant des pouvoirs publics une reconduction du soutien financier à la vaccination, au coût évalué à 100 millions d’euros, dont 15% de reste à charge pour la filière.