Générations Futures réclame des ZNT de 100 mètres

L’association s’appuie sur l’analyse de 58 échantillons prélevés par des particuliers, à partir de kits fournis puis analysés par le laboratoire Yootest. Le Collectif sauvons les fruits et légumes dénonce un rapport « caricatural et manipulateur ».

Des riverains exposés aux pesticides jusqu’à 100 mètres et plus de la zone d’épandage la plus proche : c’est ce que dénonce Générations Futures. L’association s’appuie sur les résultats du « projet scientifique participatif » Exporip (Exposition des riverains aux pesticides), mené en collaboration avec le laboratoire Yootest. Moyennant 150 euros (analyse comprise), les participants ont fait usage d’une lingette pour effectuer le prélèvement sur une vitre de leur habitation et d’un tube en polypropylène pour stocker l’échantillon, exercice auquel se sont prêtées 58 personnes.

1,2 résidu sur 1 fenêtre sur 2 à plus de 100 mètres

Spécialiste de la qualité de l’air intérieur et basé à Strasbourg (Bas-Rhin), le laboratoire Yootest a procédé aux analyses en ciblant 30 molécules, excluant le glyphosate. « Bien que très utilisé en France, le glyphosate n’a pas été inclus dans cette liste pour des raisons économiques car il nécessite un protocole d’analyse spécifique et différent de celui appliqué pour les autres pesticides », justifie le laboratoire. Il est vrai que la molécule a pour elle les tests urinaires.

Le laboratoire Yootest propose des kits pour tester l’exposition des riverains aux pesticides (Source Yootest)
Le laboratoire Yootest propose des kits pour tester l’exposition des riverains aux pesticides (Source Yootest)

Résultats ? Près de 80% des prélèvements analysés présentent au moins un résidu de pesticide et 50% des échantillons prélevé à plus de 100 mètres (16 échantillons sur 58) présentent au moins un résidu de pesticide. Les fenêtres situées à moins de 20 m des cultures présentent en moyenne 3,1 résidus de pesticides différents, contre 2,6 pour celles situées entre 21 m et 100 m et 1,2 pour celles situées à plus de 100 m. « Ces premiers résultats plaident donc pour la mise en place de zones sans traitement réellement efficaces, bien plus larges que les 5 à 10 m prévus actuellement, déclare dans un communiqué François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. La distance de 100 m, demandée par Générations Futures et de nombreuses ONG depuis longtemps, semble bien avoir un effet très net sur la baisse de l’exposition aux pesticides ».

"Un lion est en soi dangereux. Mais dans une cage, derrière une grille, il ne présente aucun risque…"

Dans un accès de prudence, l’association note toutefois que « ces résultats obtenus sur un nombre limités d’échantillons demanderaient à être confirmés sur un plus grand nombre de prélèvements », ce que n’a pas manqué de relever le Collectif sauvons les fruits et légumes. « Un produit phytosanitaire, autorisé en bio ou en agriculture conventionnelle, peut être détecté à une quantité infime sans qu’il représente un risque pour la santé humaine, explique-t-il dans un communiqué. C’est justement la fonction des autorités sanitaires de déterminer à partir de quels seuils ce risque peut apparaître. On remarquera d’ailleurs qu’à aucun moment Générations Futures ne fait mention de ces seuils sanitaires qui se basent, eux, sur des données scientifiques sérieuses. Un lion est en soi dangereux. Mais dans une cage, derrière une grille, il ne présente aucun risque ». 

ZNT : la date butoir du 26 janvier 2022

Pour le Collectif Sauvons les fruits et légumes, l’action de Générations Futures vise à mettre la pression sur le gouvernement alors que celui-ci est en train de revoir la réglementation sur les zones de non-traitement (ZNT) suite à la demande du Conseil d’Etat, avec une date butoir fixée au 26 janvier 2022. Citant notamment, l’enquête Pestiriv lancée dans plusieurs bassin viticoles, le Collectif affirme que des évaluations sont en cours et que l’association environnementaliste effectue « un lobbying intense pour les court-circuiter et imposer sa vision caricaturale de l’agriculture ». « Générations Futures veut-elle mettre fin à la ferme France », s’interroge le collectif, pour qui des ZNT de 100 mètres tireraient un trait sur des « millions d’hectares »